Savez-vous quâĂ©couter de la musique a un effet bĂ©nĂ©fique pour la santĂ© ? Et câest Ă la fois dĂ©stressant et relaxant. Alors, pourquoi ne pas en profiter au max ? Quant aux Français, leurs choix ne sont pas loin de celui des jeunes du monde entier. Mais les filles et les garçons Ă©coutent-ils les mĂȘmes genres ? Genre de musique est-ce parler de lâartiste ? Pas du tout, lorsquâon entend genre » cela veut dire le style de musique le plus Ă©coutĂ© ». Certes, dans la plupart des cas, il sâagit des morceaux qui attirent le plus les ados et les jeunes dans une ville ou un pays. Dâailleurs, il existe plusieurs types de chansons le rock, le zouk, le reggae, le rânâb, le classique, etc. ParticuliĂšrement en France, le rap est le plus en vogue. En effet, le rap nâa jamais cessĂ© de captiver les jeunes que ce soit des artistes locaux ou mondialement connus. Toutefois, les goĂ»ts sont diffĂ©rents, et une chanson peut plaire Ă une personne et moins Ă une autre. De plus, les jeunes Ă©coutent presque les mĂȘmes chansons. MĂȘme en Ă©coutant la radio, on dirait quâils font du matraquage. Et partout oĂč vous ĂȘtes, vous entendez la mĂȘme chose sans cesse, malgrĂ© que vous changez de chaine durant plusieurs jours, voire mĂȘme des mois. Au niveau de la gent fĂ©minine, quelles sont les tendances ? Dans la vie courante, les filles sont plutĂŽt plus calmes et plus sereines. Il en est de mĂȘme pour ses goĂ»ts en chanson. Elles prĂ©fĂšrent les variĂ©tĂ©s et les classiques. En outre, on se demande parfois pourquoi les filles adorent ces chansons dâamour qui font pleurer ceux qui ont le cĆur tendre !!! NĂ©anmoins, elles sont faites comme cela. Elles se distinguent des hommes par diverses façons et mĂȘme en Ă©coutant de la musique. Et quâen est-il des hommes ? Les jeunes hommes de nos jours dĂ©testent les variĂ©tĂ©s. Oui, ils le font simplement par pure courtoisie ou pour impressionner une fille. Ils aiment plutĂŽt les musiques hard, et surtout le rap contrairement aux demoiselles. De mĂȘme, il nây a pas quâun seul rap, il existe un large choix. Les artistes sont vraiment trĂšs nombreux, pour vous dire quâĂ chacun son choix, que ce soit des artistes français ou internationaux. Qui plus est, les jeunes dâaujourdâhui suivent lâinfo jeune pour connaitre les tendances actuelles, les modes du dernier cri, les chansons rĂ©centes, les artistes les plus connus, etc.
En2019, c'est Post Malone qui remporte la palme de l'artiste le plus Ă©coutĂ© de l'annĂ©e. Il est secondĂ© par la jeune Ă©toile montante Billie Eilish, qui ne cesse d'accumuler les succĂšs, et par une certaine Ariana Grande, qui n'en finit plus de briller. Du cĂŽtĂ© des albums les plus Ă©coutĂ©s, c'est Billie Eilish qui triomphe encore, avec l1Cet article prĂ©sente une partie des rĂ©sultats dâune recherche rĂ©alisĂ©e en collaboration entre un groupe de chercheurs, des professeurs de sciences Ă©conomiques et sociales et les Ă©lĂšves de seconde et de premiĂšre de ces derniers. Le thĂšme central de cette recherche, les goĂ»ts musicaux, a Ă©tĂ© choisi Ă la suite de discussions entre les chercheurs, intĂ©ressĂ©s par les relations personnelles, les usages du numĂ©rique et les pratiques culturelles, et les professeurs, attentifs au fait que le programme de seconde intĂšgre prĂ©cisĂ©ment la question des pratiques culturelles. Nous reviendrons plus loin sur les choix de mĂ©thode, liĂ©s bien sĂ»r Ă la configuration particuliĂšre de cette recherche, mais il est nĂ©cessaire dâexposer succinctement dans un premier temps les travaux relatifs aux goĂ»ts goĂ»ts musicaux2Les enquĂȘtes portant sur les goĂ»ts musicaux ont connu un essor notable durant les derniĂšres dĂ©cennies. Cette profusion sâexplique en partie par lâimpulsion donnĂ©e Ă ce thĂšme de recherche par les travaux de MichĂšle Lamont 1992, Paul DiMaggio 1987 ; DiMaggio et al., 1996 ; DiMaggio & Moktar, 2004 et ceux de Richard Peterson 1992a, 2004 ; Peterson & Kern, 1996. Leurs recherches avaient pour ambition de tester le modĂšle thĂ©orique de La Distinction de Pierre Bourdieu 1979, tant du point de vue de sa validitĂ© intrinsĂšque, que de son Ă©ventuelle limitation historique et gĂ©ographique. 3Richard Peterson propose une structuration des goĂ»ts selon lâopposition omnivore » apprĂ©cier plusieurs genres, quâils soient Ă©litistes ou populaires / univore » se limiter Ă des genres populaires ou Ă©litistes Ă mesure que lâon passe des classes supĂ©rieures aux classes populaires. Les travaux de MichĂšle Lamont 1992 suggĂšrent pour leur part que le passage dâune diffĂ©renciation sociale Ă une inĂ©galitĂ© dĂ©pend de la force des barriĂšres symboliques. Philippe Coulangeon 2003 a proposĂ© une actualisation du modĂšle de la distinction en mettant en avant la lĂ©gitimation de certains genres et le maintien de corrĂ©lations entre le goĂ»t pour des genres Ă©litistes » musique classique, jazz et des positions sociales favorisĂ©es. Enfin, HervĂ© GlĂ©varec et Michel Pinet 2009, 2013 remettent en question de façon plus radicale la thĂšse de la distinction en proposant le modĂšle de la tablature des goĂ»ts musicaux » dans lequel les pratiques au fil des gĂ©nĂ©rations effacent les hiĂ©rarchies entre les genres et amĂšnent toutes les classes sociales Ă converger vers les genres populaires » notamment le rock. Cependant, une approche intra-genre, par les artistes par exemple, permet de mettre en lumiĂšre des logiques diffĂ©renciĂ©es selon le sexe, le milieu social ou lâĂąge au sein dâun mĂȘme genre musical Laffont & Tudoux, 2017. Qui veut Ă©tudier les goĂ»ts en matiĂšre de musique se trouve donc face Ă des modĂšles explicatifs Ă la fois trĂšs convaincants et Nicolas Robette et Olivier Roueff 2014 ont suggĂ©rĂ© que les divergences concernant le concept dâĂ©clectisme sont partiellement dues Ă des questions de mĂ©thode. Faute de donnĂ©es suffisamment prĂ©cises, la recherche est limitĂ©e Ă un Ă©clectisme au niveau des genres musicaux. Une enquĂȘte expĂ©rimentale intĂ©grant les modes de dĂ©couverte et les conditions dâĂ©coute5Cette rĂ©flexion sur les mĂ©thodes nous a incitĂ©s Ă complĂ©ter les enquĂȘtes classiques en y ajoutant trois Ă©lĂ©ments une identification ouverte des musiques apprĂ©ciĂ©es par les personnes, le contexte dâĂ©coute, les canaux par lesquels les personnes dĂ©couvrent les musiques qui les intĂ©ressent. En effet, alors que, dans la plupart des enquĂȘtes, lâidentification des musiques sâeffectue par des genres construits en amont par le chercheur, nous avons cherchĂ© Ă nous situer au plus prĂšs des indications de goĂ»ts donnĂ©es par les enquĂȘtĂ©s eux-mĂȘmes, sans prĂ©sumer dans la phase de recueil des donnĂ©es des catĂ©gorisations quâils pourraient effectuer concernant les genres. Ce point de dĂ©part et le traitement ensuite appliquĂ© visent Ă permettre le repĂ©rage dâunivers de goĂ»ts musicaux dont la structuration et les contours dĂ©pendraient le moins possible dâune construction en amont par les chercheurs. LâhypothĂšse est ici que cette attention aux choix des enquĂȘtĂ©s, Ă leurs rĂ©fĂ©rences et leurs catĂ©gories, peut fournir des Ă©lĂ©ments pour approfondir la question de la diversification des rĂ©fĂ©rences culturelles pointĂ©es dans certains travaux Donnat, 2004 ; BergĂ© & Granjon, 2007.6Lâautre Ă©lĂ©ment qui nous a paru devoir ĂȘtre pris en compte simultanĂ©ment est celui du contexte dâĂ©coute. En effet peu dâenquĂȘtes prennent en compte ces contextes que les enquĂȘtĂ©s associent aux diffĂ©rents choix musicaux. Chacun sait, pour lâavoir vĂ©cu, que lâon ne choisit pas nĂ©cessairement les mĂȘmes types de musique pour une Ă©coute concentrĂ©e, une musique de fond durant des pĂ©riodes de travail, dans les transports ou dans un cadre festif. Il sâagissait ici de le vĂ©rifier. Au-delĂ , lâhypothĂšse Ă©tait aussi que la diversification des contenus nâest pas sans lien avec les circonstances dans lesquelles la musique peut dĂ©sormais ĂȘtre Ă©coutĂ©e et que la combinaison des contenus et des contextes dâĂ©coute peut induire des types de rapport diffĂ©rents Ă la musique. 7Enfin, il existe trĂšs peu de travaux sur les modes de dĂ©couverte des musiques. Le fait quâelles soient diffusĂ©es dans des mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes, proposĂ©es sur des plateformes spĂ©cialisĂ©es ou suggĂ©rĂ©es par des personnes avec qui on entretient des relations interpersonnelles multiplie pour lâindividu les possibilitĂ©s dâaccĂšs et de prĂ©fĂ©rences. En matiĂšre de dĂ©couverte musicale, il paraĂźt essentiel aujourdâhui de mieux Ă©valuer le rĂŽle des mĂ©dias ainsi que celui des rĂ©seaux personnels afin dâinclure dans lâapproche la complexification des socialisations musicales et les influences opĂ©rant sur le goĂ»t. Notre analyse de la distribution des prĂ©fĂ©rences musicales sâintĂ©resse aux musiques auxquelles les enquĂȘtĂ©s ont accĂšs, aux influences quâils subissent ou quâils exercent Ă travers leur rĂ©seau personnel. Notre hypothĂšse est quâintĂ©grer ces influences mĂ©diatiques ou personnelles dans une approche quantitative peut Ă©clairer la diversitĂ© des rapports Ă la 1. CaractĂ©ristiques de lâenquĂȘteNotre enquĂȘte a Ă©tĂ© conduite entre septembre 2013 et juin 2014 conjointement par un groupe de chercheurs du Labex Structurations des Mondes Sociaux » SMS [1], 38 professeurs de sciences Ă©conomiques et sociales de 24 lycĂ©es de lâAcadĂ©mie de Toulouse et leurs Ă©lĂšves de seconde et de premiĂšre 1 346 Ă©lĂšves. Chaque Ă©lĂšve devait passer des questionnaires trois si possible auprĂšs de personnes de 15 Ă 25 ans, en variant les Ăąges et en recherchant des enquĂȘtĂ©s en dehors de sa classe. Les donnĂ©es Ă©taient saisies en classe en prĂ©sence dâun enseignant dans une base de donnĂ©es questions portaient sur les musiques Ă©coutĂ©es par les enquĂȘtĂ©s et leur mode de dĂ©couverte, le rĂŽle de ces musiques dans les relations avec les pairs, et enfin les contextes dâĂ©coute [2]. Les enquĂȘtĂ©s devaient citer des morceaux de musique quatre au maximum quâils avaient apprĂ©ciĂ©s dans la pĂ©riode rĂ©cente. Le morceau pouvait ĂȘtre identifiĂ© par un titre, un nom dâartiste et un genre, lâenquĂȘtĂ© pouvant ne documenter quâune partie de ces informations. Si le morceau leur avait Ă©tĂ© conseillĂ© par une personne de leur connaissance ou si eux-mĂȘmes lâavaient conseillĂ©, lâenquĂȘteur notait le prĂ©nom de la personne huit au maximum.Le choix des musiques apprĂ©ciĂ©es rĂ©cemment sâexplique par notre souhait de documenter les modes de dĂ©couverte plus faciles Ă se rappeler pour des dĂ©couvertes rĂ©centes et il nous a Ă©galement semblĂ© que cela faciliterait une certaine complicitĂ© entre nos jeunes enquĂȘteurs et leurs enquĂȘtĂ©s. En effet, nos enquĂȘteurs nâavaient Ă©videmment pas lâexpĂ©rience de sociologues professionnels. En revanche, nous pensons que leur proximitĂ© avec les enquĂȘtĂ©s a facilitĂ© une expression moins contrainte par ce que des jeunes peuvent percevoir comme des attentes sociales de la part dâadultes chercheurs en sciences sociales. Par ailleurs, leurs enquĂȘtes ont Ă©tĂ© suivies et guidĂ©es avec une grande attention par leurs professeurs, dont nous saluons le professionnalisme, lâimplication et lâ choix de rĂ©ponses proposĂ©es pour les questions posĂ©es pour chaque morceau rĂ©sultent dâune discussion avec les professeurs lesquels avaient travaillĂ© en amont avec leurs Ă©lĂšves. Ils tiennent compte des contraintes de durĂ©e de passation et du souhait de distinguer ce que les jeunes Ă©coutent pour eux-mĂȘmes et ce quâils partagent avec leurs analyses qui suivent portent sur une population spĂ©cifique de 1 447 enquĂȘtĂ©s ayant citĂ© au moins deux artistes [3]. Nous avons fait figurer en annexe Ă©lectronique des tableaux prĂ©sentant la rĂ©partition des enquĂȘtĂ©s par Ăąge, sexe et niveau dâĂ©tudes de la mĂšre. Ces comptages montrent que nos enquĂȘtĂ©s sont plutĂŽt jeunes, lâĂąge mĂ©dian est de 17 ans, les 23-25 ans ne reprĂ©sentent que 13 % de lâĂ©chantillon Annexe 1, Les filles sont lĂ©gĂšrement surreprĂ©sentĂ©es 55 % par rapport aux jeunes du mĂȘme Ăąge vivant en France. Ils sont Ă©galement dâune origine sociale plus favorisĂ©e â deux tiers des enquĂȘtĂ©s ont une mĂšre diplĂŽmĂ©e de lâenseignement supĂ©rieur, ce qui est un effet du recrutement social des filiĂšres auxquelles appartiennent les lycĂ©ens-enquĂȘteurs. Toutefois, les diffĂ©rentes catĂ©gories dâĂąge, dâĂ©tudes ou de profession sont suffisamment reprĂ©sentĂ©es pour permettre des comparaisons entre ces catĂ©gories [4].8Notre enquĂȘte porte sur la tranche dâĂąge des 15-25 ans, pĂ©riode de la vie oĂč se dĂ©veloppent et se stabilisent les goĂ»ts en matiĂšre de musique. Si les raisons de ce choix sont partiellement contingentes, comme nous lâexpliquons plus loin, lâintĂ©rĂȘt est aussi de limiter les effets de gĂ©nĂ©ration qui complexifient les travaux prĂ©sentĂ©s plus haut. La focalisation sur cette pĂ©riode de transition vers lâĂąge adulte permet Ă©galement de questionner Ă nouveaux frais la persistance de la polarisation des goĂ»ts en fonction des catĂ©gories sociales et la dimension genrĂ©e chez les jeunes qui a Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©tudiĂ©e par Sylvie Octobre 2004, 2010, 2011. 9Nous commencerons la prĂ©sentation des rĂ©sultats par les genres et les artistes citĂ©s. Nous montrerons dans une premiĂšre section que les enquĂȘtĂ©s attribuent de façon Ă©crasante les musiques citĂ©es Ă des genres qui Ă©taient naguĂšre considĂ©rĂ©s comme peu lĂ©gitimes, la musique classique et le jazz Ă©tant rĂ©duits Ă une prĂ©sence quasiment anecdotique. Nous verrons Ă©galement que, si les artistes les plus citĂ©s dans notre enquĂȘte correspondent aux succĂšs du moment janvier et fĂ©vrier 2014, ils ne reprĂ©sentent quâune infime partie de ceux qui apparaissent dans les rĂ©ponses [5]. Lâanalyse des variations de ces rĂ©ponses selon le sexe et lâorigine sociale des enquĂȘtĂ©s permet de mettre au jour des types dâartistes plus ou moins consensuels câest-Ă -dire dont le taux de citation nâest corrĂ©lĂ© avec aucun de ces deux critĂšres ou diffĂ©renciants prĂ©sence dâune corrĂ©lation. Dans une deuxiĂšme section, nous prĂ©senterons les rĂ©sultats dâune classification des enquĂȘtĂ©s selon leurs proximitĂ©s dans les choix musicaux exprimĂ©s. Six classes permettent de rĂ©sumer certaines des rĂ©gularitĂ©s repĂ©rĂ©es dans la premiĂšre section. Dans la partie conclusive nous discuterons les diffĂ©rentes thĂ©ories au regard de nos analyses. Proche des rĂ©sultats de certaines enquĂȘtes sur les adolescents, notre Ă©tude suggĂšre que chacune de ces thĂ©ories apporte un Ă©clairage partiel sur une rĂ©alitĂ© qui sâest complexifiĂ©e et que la diversitĂ© des usages et des fonctions de la musique relĂšve tendanciellement dâautres logiques que celle de la diffĂ©renciation et variations 10Nos enquĂȘtĂ©s pouvaient citer les musiques par le genre de musique, lâartiste ou le titre du morceau. Il arrive que nous ayons le titre mais pas le nom de lâartiste 167 cas ou lâinverse 753 cas. Cela nous a conduit Ă nous concentrer sur les artistes citĂ©s, en considĂ©rant que ce niveau fait plus souvent sens pour les enquĂȘtĂ©s que celui des genres musicaux populaires et une grande diversitĂ© dâartistes11Commençons par une analyse des genres musicaux tels quâils apparaissent dans les rĂ©ponses. Lors de la saisie des donnĂ©es par les enquĂȘteurs-lycĂ©ens, le genre Ă©tait la seule rubrique obligatoire, les enquĂȘteurs saisissant Ă©ventuellement des espaces ou le terme inconnu », toutes rĂ©ponses que nous avons regroupĂ©es sous ce dernier label 24 occurrences sur 4 369 morceaux. Ils pouvaient aussi saisir le terme aucun » si lâenquĂȘtĂ© considĂ©rait que le morceau citĂ© ne correspondait Ă aucun genre quâil connaissait 20 occurrences. 328 dĂ©signations de genres ont Ă©tĂ© saisies, mais beaucoup sont des graphies diffĂ©rentes renvoyant Ă un genre identique par exemple k pop », Kpop » et k-pop » dĂ©signent sans ambiguĂŻtĂ© la Korean Pop », câest-Ă -dire la musique populaire corĂ©enne ou des genres trĂšs peu citĂ©s par exemple le NĂ©o-mĂ©tal » est citĂ© deux fois, seules 25 dĂ©signations recueillant plus de 20 citations prises ensemble, elles rassemblent 78,1 % des citations. En coopĂ©ration avec les enseignants, et aprĂšs diverses recherches sur Internet et Ă©coute de nombre des morceaux citĂ©s, nous avons procĂ©dĂ© au regroupement des dĂ©signations en 26 genres [6] » dont les catĂ©gories Inconnu » et Aucun » dĂ©jĂ Ă©voquĂ©es et un genre Divers », regroupant des dĂ©signations rares que nous nâavons pas pu regrouper avec dâautres ce genre rassemble 32 citations, soit 23 genres identifiĂ©s et regroupant 4 293 citations 98,3 % du total. Voici la nomenclature que nous avons finalement retenue Tableau 1 Genres musicaux retenus pour lâanalyseGenre musicalEffectifsPourcentagePop89420,5Ălectro73716,9Rock71416,3Rap68915,8Rap français2164,9Soul1864,3Reggae1593,6Chanson française1383,2Hip hop902,1VariĂ©tĂ©s internationales811,9MĂ©tal601,4Dance571,3Classique471,1Jazz390,9Dub380,9Folk380,9K pop260,6World180,4Alternatif170,4Latino160,4J pop120,3Bande originale 110,3Blues100,2Inconnu ou Aucun ou Divers661,5Total4 369100,0Tableau 1 Genres musicaux retenus pour lâanalyse12Sâagissant des artistes, nous disposons de 4 369 citations de morceaux de musique pour 1 447 enquĂȘtĂ©s ayant citĂ© deux morceaux au moins et ayant identifiĂ© un artiste. Sans surprise, les artistes les plus citĂ©s sont ceux qui figuraient dans les classements des radios ou des ventes de disques Ă lâĂ©poque de lâenquĂȘte, ce qui est dâune certaine maniĂšre rassurant sur la similaritĂ© de notre Ă©chantillon par rapport Ă la population des consommateurs de musique nous le verrons plus loin, les artistes les plus citĂ©s ne sont pas nĂ©cessairement les plus consensuels. Il conviendrait plutĂŽt de parler de zones de consensualitĂ© ». Ainsi, les diffĂ©rences concernant le sexe des enquĂȘtĂ©s sont peu marquĂ©es en ce qui concerne le niveau de popularitĂ© des artistes citĂ©s, mĂȘme si les garçons dont la mĂšre a un niveau dâĂ©tudes dâau moins bac + 4 citent lĂ©gĂšrement plus que les filles de la mĂȘme catĂ©gorie des artistes en dehors de notre top 80 ». En revanche, les jeunes dont les parents ont le plus haut niveau dâĂ©ducation se rassemblent autour du rejet des artistes les plus populaires du classement, lesquels sont au contraire plĂ©biscitĂ©s par les enquĂȘtĂ©s dont les parents ont un niveau dâĂ©ducation des rĂ©sultats de notre enquĂȘte est que, au-delĂ du groupe de 50 Ă 100 artistes dont les musiques Ă©taient les plus populaires dans la pĂ©riode de passation du questionnaire, il y a une trĂšs grande diversitĂ© des rĂ©fĂ©rences, puisque nous avons recensĂ© en tout 1 084 artistes citĂ©s au moins une fois. Toutefois, les 100 artistes les plus citĂ©s captent 63,3 % des citations, dans une distribution statistique de type loi de puissance ». Cette convergence des choix sur un petit nombre dâartistes peut sâinterprĂ©ter comme le caractĂšre plutĂŽt conformiste de lâĂ©chantillon, mais il est probable quâelle est due Ă©galement Ă notre choix de centrer le questionnement sur les artistes apprĂ©ciĂ©s 2. Des convergences avec lâenquĂȘte sur les pratiques culturelles des FrançaisDans lâenquĂȘte sur les pratiques culturelles des français de 2008, on observe que, parmi les jeunes ĂągĂ©s de 15 Ă 24 ans, les garçons Ă©coutent plus souvent du rap, diffĂ©rentes formes de musiques Ă©lectroniques et de la techno que les filles du mĂȘme Ăąge. Alors que ces derniĂšres ont plutĂŽt tendance Ă prĂ©fĂ©rer Ă©couter des variĂ©tĂ©s françaises, de la pop, du rânâb ou des chansons françaises. La prĂ©fĂ©rence pour le rock est, quant Ă elle, transversale puisquâune proportion Ă©quivalente de garçons et de filles dĂ©clare prĂ©fĂ©rer ce genre musical. Une fois prises en compte les diffĂ©rences liĂ©es au sexe, on retrouve en partie chez les garçons et les filles les mĂȘmes tendances relativement Ă lâorigine sociale captĂ©e ici par la catĂ©gorie socio-professionnelle du pĂšre le rânâb est corrĂ©lĂ© avec une origine ouvriĂšre, le rock plutĂŽt avec le fait dâavoir un pĂšre cadre ou chef dâentreprise. Pour dâautres genres musicaux, en revanche, les corrĂ©lations avec lâorigine sociale varient selon le sexe. Ainsi, la pop a plutĂŽt tendance Ă ĂȘtre privilĂ©giĂ©e par les filles dont le pĂšre est cadre ou chef dâentreprise et le rap par les garçons enfants dâouvriers. Sur le plan de la langue, les jeunes dont le pĂšre est cadre ou chef dâentreprise Ă©coutent plus que les autres de la musique en anglais, ceux dont le pĂšre est ouvrier ayant tendance Ă prĂ©fĂ©rer de la musique chantĂ©e en français. Calculs effectuĂ©s sur la base du ministĂšre de la Culture en sĂ©lectionnant les enquĂȘtĂ©s de 15 Ă 25 ansTableau 2 Les 20 artistes les plus citĂ©sTableau 2 Les 20 artistes les plus citĂ©sDes artistes gĂ©nĂ©rationnels et des artistes clivants15Y-a-t-il des liens entre les caractĂ©ristiques sociales des enquĂȘtĂ©s et les artistes quâils citent ? La figure 1 prĂ©sente les Ă©carts Ă lâindĂ©pendance standardisĂ©s et ajustĂ©s pour les tableaux croisant trois Ă©lĂ©ments les artistes les 80 plus citĂ©s, plus un regroupement des autres, le fait dâavoir une mĂšre dont le niveau dâĂ©tudes est supĂ©rieur ou Ă©gal Ă quatre annĂ©es aprĂšs le baccalaurĂ©at en abscisse, le fait dâĂȘtre un garçon ordonnĂ©e. Cette figure permet de repĂ©rer un ensemble dâartistes pour lesquels il nây a pas de corrĂ©lation significative avec le sexe ou le niveau dâĂ©tudes de la mĂšre Michael Jackson par exemple, regroupĂ©s dans le rectangle central. Les autres rectangles correspondent Ă des Ă©carts significatifs pour lâune ou lâautre de ces variables des artistes plus apprĂ©ciĂ©s par les filles One Direction ou les garçons Eminem, les enquĂȘtĂ©s dont la mĂšre est plus diplĂŽmĂ©e les Beatles ou moins diplĂŽmĂ©e MaĂźtre Gims. Peu dâartistes se distinguent sur les deux variables Ă la fois Kaaris pour les garçons dont la mĂšre est peu diplĂŽmĂ©e, le groupe des artistes peu citĂ©s pour ceux dont la mĂšre est plus diplĂŽmĂ©e. 16La figure 1 fait apparaĂźtre trois informations importantes lâexistence dâ artistes-rassembleurs » qui ne diffĂ©rencient pas les enquĂȘtĂ©s sur le plan du sexe ou du niveau social apprĂ©hendĂ© par le diplĂŽme de la mĂšre, celle artistes-genrĂ©s » qui sont citĂ©s plus souvent par des filles ou par des garçons, et enfin lâexistence dâ artistes socialement-situĂ©s » qui sont citĂ©s plutĂŽt par des enquĂȘtĂ©s dont la mĂšre a un niveau Ă©levĂ© dâĂ©tudes ou au contraire par ceux dont la mĂšre est moins diplĂŽmĂ©e. Les artistes-rassembleurs » Stromae par exemple, extrĂȘmement prĂ©sents sur les mĂ©dias au moment de lâenquĂȘte, forment une sorte de fond musical gĂ©nĂ©rationnel [7], constituĂ© des morceaux et des icĂŽnes qui, partagĂ©s par toute une gĂ©nĂ©ration, fourniront un repĂšre temporel commun. Si le fond musical gĂ©nĂ©rationnel est commun Ă tous les jeunes de lâenquĂȘte, lâexistence dâun univers musical fĂ©minin sâopposant Ă un univers musical masculin apparaĂźt nettement, ce qui nous a conduits Ă identifier des artistes-genrĂ©s » par exemple BeyoncĂ© pour les filles et Eminem pour les garçons. Les artistes socialement situĂ©s » sont choisis prĂ©fĂ©rentiellement soit par les jeunes issus de milieux Ă©duquĂ©s Red Hot Chili Peppers, Green Day, les Beatles, dâautres artistes peu citĂ©s soit par ceux qui sont issus de milieux moins Ă©duquĂ©s Maitre Gims. Les trois artistes corrĂ©lĂ©s avec un niveau dâĂ©tudes Ă©levĂ© de la mĂšre relĂšvent tous du genre rock, lequel est globalement le plus corrĂ©lĂ© avec cette caractĂ©ristique 1 CorrĂ©lations entre les artistes les plus citĂ©s et les caractĂ©ristiques de ceux qui les citent sexe et diplĂŽme de la mĂšreFigure 1 CorrĂ©lations entre les artistes les plus citĂ©s et les caractĂ©ristiques de ceux qui les citent sexe et diplĂŽme de la mĂšre17Sâil existe des artistes que lâon pourrait qualifier dâartistes au fĂ©minin, au sens oĂč ils sont tout particuliĂšrement citĂ©s par les filles, il est intĂ©ressant de souligner quâils ne sont pas source de clivage de classes les jeunes filles se retrouvent plus souvent autour de ces artistes, indĂ©pendamment de leur catĂ©gorie sociale dâorigine. Il nâen va pas de mĂȘme pour les garçons les artistes au masculin polarisent au contraire des diffĂ©rences de classe. 18Comment expliquer le rĂŽle contrastĂ© de la classe sociale dans les choix musicaux ? Nous pouvons avancer plusieurs hypothĂšses 19â chez les filles, la musique est un faible marqueur de classe, les diffĂ©rences sociales se manifestant autour de lâapparence physique le maquillage, les vĂȘtements, les accessoires ;20â chez les garçons, il existe bien une cristallisation autour dâartistes diffĂ©rents, mais elle obĂ©it Ă deux logiques distinctes les garçons de classe populaire, et en particulier les plus jeunes, se rassemblent plus que dâautres autour dâartistes tels que Kaaris ou Booba, ce qui laisse supposer une reprĂ©sentation de la virilitĂ© trĂšs classique chez eux. Les garçons de classes supĂ©rieures pour leur part se distinguent par leur propension Ă citer des artistes rares, ce qui suggĂšre chez une partie dâentre eux une logique dâamateur Ă la recherche de nouveaux mĂȘme si cela semble ĂȘtre plus discret, ce graphique fait apparaĂźtre que câest autour du genre rock que se construisent les diffĂ©rences de classe, que celui-ci soit classique Pink Floyd, Queen ou nouvelle scĂšne Artic Monkeys et Green Day.RĂ©seaux personnels et contextes dâĂ©coute22Nous nous sommes intĂ©ressĂ©s aux modes de dĂ©couverte et de partage des artistes chaines de relations personnelles [8], mĂ©dias, rĂ©seaux numĂ©riques et aux circonstances dans lesquelles la musique Ă©tait Ă©coutĂ©e Ă©coute attentive en solo, pendant une fĂȘte ou une activitĂ©âŠ.23Les enquĂȘtĂ©s dĂ©couvrent essentiellement la musique par leurs proches 36 %, mais aussi par les mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes â tĂ©lĂ©vision, radio, presse â dans 28 % des cas [9]. Les rĂ©seaux numĂ©riques interviennent aussi dans le processus de dĂ©couverte Facebook, YoutubeâŠ, 21 % des musiques citĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes en ligne, 8 % par des mĂ©dias spĂ©cialisĂ©s en ligne. Le concert est un lieu plus marginal de dĂ©couverte 2 %, probablement parce que, le plus souvent, on va voir en concert ce que lâon connaĂźt dĂ©jĂ et que beaucoup dâenquĂȘtĂ©s, encore trĂšs jeunes, ne frĂ©quentent pas encore les concerts. Il y a enfin 4 % de situations autres » musiques entendues dans des lieux publics ou Ă des occasions diverses. La dĂ©couverte par les mĂ©dias â presse, tĂ©lĂ©vision, radios â est plus frĂ©quente chez les 23-25 ans ou chez les enquĂȘtĂ©s dont les parents sont les moins diplĂŽmĂ©s, alors que le concert et surtout les mĂ©dias spĂ©cialisĂ©s sont une circonstance de dĂ©couverte plus frĂ©quente chez ceux dont les parents sont les plus diplĂŽmĂ©s. Les rĂ©seaux sociaux numĂ©riques sont plus prisĂ©s par les 15-18 ans 23 % alors que cet usage est moins frĂ©quent chez les 23-25 ans 13 %. IndĂ©pendamment du niveau dâĂ©tudes des parents, les filles dĂ©couvrent la musique plus souvent par les mĂ©dias â presse, tĂ©lĂ©vision, radios â et les garçons par tous les autres canaux. Les relations personnelles qui sont citĂ©es comme Ă©tant Ă lâorigine des dĂ©couvertes musicales concernent trĂšs majoritairement des personnes de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration 47 % sont prĂ©sentĂ©s par les enquĂȘtĂ©s comme des amis proches, 13 % comme des frĂšres ou sĆurs, 13 % comme des copains », 7 % comme des relations amoureuses, 3 % comme des camarades dâĂ©tudes, soit 83 % au total pour les personnes dont on peut penser quâelles ont des Ăąges proches de ceux des enquĂȘtĂ©s. Mais les parents ne sont pas absents 8 % des personnes citĂ©es. Les autres catĂ©gories autres membres de la famille » et autres » sont plus chaque prĂ©fĂ©rence musicale, les jeunes pouvaient renseigner un ou plusieurs contextes dâĂ©coute [10]. Une majoritĂ© des rĂ©ponses mentionnent des Ă©coutes pendant une activitĂ© physique ou lors de dĂ©placements 56 %, ou encore une Ă©coute attentive et solitaire 55 %. La dimension relationnelle est Ă©galement Ă©voquĂ©e, 51 % des musiques sont Ă©coutĂ©es avec des amis et prĂšs de 30 % sont diffusĂ©es lors de moments festifs. Si moins de 30 % des Ă©coutes se rĂ©alisent dans un seul contexte, 44 % ont lieu dans deux ou trois circonstances diffĂ©rentes et 25 % dans au moins quatre circonstances. Les contextes dâĂ©coute varient peu en fonction du sexe de lâenquĂȘtĂ©, nous remarquons seulement que les garçons citent un peu plus que les filles le contexte des fĂȘtes 33 %. Lâorigine sociale marque plus les pratiques dâĂ©coute, avoir une mĂšre diplĂŽmĂ©e de lâenseignement supĂ©rieur augmentant la probabilitĂ© dâĂ©couter de la musique entre amis 53 %, en musique de fond 50 % ou de maniĂšre attentive 57 %. Nous constatons aussi un effet de lâĂąge sur ces pratiques, les plus jeunes citent plus que les autres les Ă©coutes entre amis 55 % ou en solo 57 %.25Ăcouter de la musique est une pratique sociale les relations personnelles interviennent dans prĂšs de trois quarts des rĂ©ponses, soit comme source de dĂ©couverte 35 %, soit dans le fait de partager ses morceaux prĂ©fĂ©rĂ©s du moment avec une personne de son entourage 47 % [11]. Si la musique peut sâĂ©couter seul de maniĂšre attentive ou pendant une activitĂ©, les enquĂȘtĂ©s lâĂ©coutent Ă©galement en groupe avec des amis ou lors de fĂȘtes. La relation entre les choix musicaux et la sociabilitĂ© fonctionne ainsi dans les deux sens nos donnĂ©es permettent de montrer les effets des relations interpersonnelles sur les dĂ©couvertes musicales. Mais il va de soi que ces Ă©changes de recommandations contribuent Ă maintenir et construire les liens, ce que confirme Ă©galement le fait que beaucoup de morceaux soient Ă©coutĂ©s avec des avons demandĂ© aux enquĂȘtĂ©s de renseigner leurs prĂ©fĂ©rences musicales Ă lâaide dâune question ouverte rĂ©pĂ©tĂ©e quatre fois. Lâanalyse de ce type de donnĂ©es renvoie gĂ©nĂ©ralement Ă deux grandes orientations regrouper les rĂ©ponses dans une ou plusieurs variables avec un nombre restreint de modalitĂ©s ou exploiter les rĂ©ponses Ă lâaide des outils classiques de lâanalyse de donnĂ©es analyse factorielle de tableaux croisĂ©s ou juxtaÂposĂ©s. Dans notre cas, cette approche nâest pas forcĂ©ment intĂ©ressante, les artistes peu citĂ©s moins de cinq citations Ă©tant trĂšs nombreux dans nos donnĂ©es. Nous avons analysĂ© les co-citations dâartistes afin de dĂ©tecter des univers musicaux, au sens de musiques qui fonctionnent ensemble. Plus des artistes sont associĂ©s dans les rĂ©ponses, plus nous avons considĂ©rĂ© quâils appartiennent Ă un mĂȘme univers musical. Techniquement, nous avons constituĂ© un rĂ©seau bipartite two-mode network avec un niveau individu » et un niveau prĂ©fĂ©rence musicale ». Si des individus ont citĂ© un mĂȘme artiste, ils sont alors liĂ©s par cette prĂ©fĂ©rence musicale. Nous avons utilisĂ© la mĂ©thode de Louvain Blondel et al., 2008 pour constituer les classes dâenquĂȘtĂ©s sur la base des goĂ»ts musicaux quâils avaient en commun. Cette mĂ©thode qui repose sur un algorithme qui optimise la modularitĂ© recherche de groupes cohĂ©sifs est tout Ă fait adaptĂ©e aux donnĂ©es traitĂ©es ici. Nous avons regroupĂ© les enquĂȘtĂ©s en fonction des co-citations dâartistes, choisissant de privilĂ©gier la cohĂ©rence des univers musicaux pour analyser ensuite les caractĂ©ristiques socio-dĂ©mographiques et les pratiques des individus qui les six classes obtenues sont des univers musicaux qui peuvent ĂȘtre plus ou moins corrĂ©lĂ©s avec des caractĂ©ristiques sociales, des contextes dâĂ©coutes, des sources par lesquelles la musique parvient aux personnes et des rĂ©seaux de conseils. Si lâinterprĂ©tation sâen trouve complexifiĂ©e, cet arbitrage a pour avantage de prĂ©server la richesse des goĂ»ts exprimĂ©s. Il permet Ă©galement de faire apparaĂźtre lâimportance plus ou moins grande de la musique dans la vie des enquĂȘtĂ©s, centrale pour certains, rĂ©duite Ă un rĂŽle de support des activitĂ©s ou de marqueur gĂ©nĂ©rationnel pour dâautres, selon sa place dans les sociabilitĂ©s et la construction de lâidentitĂ© sexuĂ©e des la classification retenue, six classes se distinguent nettement [12]. Nous les prĂ©sentons par ordre de relation sĂ©lective Ă la musique29Cette classe totalise un peu plus de 43 % des artistes mentionnĂ©s par les enquĂȘtĂ©s et concerne Ă peu prĂšs la mĂȘme proportion de nos enquĂȘtĂ©s Tableau 3. MĂȘme si le rock, la pop, lâĂ©lectro, le rap sont les plus citĂ©s, cet univers se distingue surtout par des goĂ»ts plus divers et rares pour cette gĂ©nĂ©ration kpop [13], mĂ©tal, reggae, alternatif, folk, classique [14]. Les enquĂȘtĂ©s qui y sont regroupĂ©s citent plus que dâautres des rĂ©fĂ©rences artistiques rares la majoritĂ© des artistes citĂ©s par les 15-25 ans de cette classe 60 % ne figure pas parmi le top 80 » de lâenquĂȘte. De mĂȘme, si lâon retrouve des artistes populaires chez tous ces enquĂȘtĂ©s, ils ont tendance Ă citer de prĂ©fĂ©rence des artistes plus confidentiels situĂ©s dans la seconde partie de la liste des 80 plus relation Ă la musique que lâon peut qualifier de sĂ©lective se traduit Ă©galement dans un rapport intense Ă cette consommation culturelle qui accompagne leur vie, Ă la fois dans des moments dâĂ©coute en solo 86,3 % possĂšdent des musiques enregistrĂ©es, mais Ă©galement comme fond sonore au cours de leurs activitĂ©s quotidiennes. Cet intĂ©rĂȘt pour la musique sâĂ©tend aux modes de dĂ©couverte. Ce sont les plus variĂ©s de notre enquĂȘte [15], ils indiquent une dĂ©marche active en direction de la musique et cela se traduit par des Ă©changes de conseils et le partage des musiques aimĂ©es en effet, câest dans cette classe que la musique passe le plus par des prescripteurs qui font partie de lâentourage amical ; de mĂȘme, ces jeunes conseillent plus volontiers des artistes quâils apprĂ©cient. AssociĂ©e Ă lâexistence dâun rĂ©pertoire familial dĂ©clarĂ©, on peut supposer que la musique est pour eux Ă la fois importante pour elle-mĂȘme et partie intĂ©grante des relations affinitaires et affectives. Câest Ă©galement la seule classe oĂč lâon trouve une corrĂ©lation positive avec la pratique amateur 35,7 % pratiquent un instrument de musique. 31Le milieu social auquel ces enquĂȘtĂ©s appartiennent nâest pas Ă©tranger Ă cette relation sĂ©lective Ă la musique puisquâils sont plus nombreux dans ce groupe Ă ĂȘtre issus de familles fortement diplĂŽmĂ©es plus de pĂšres dâun niveau bac + 4 et/ou appartenant Ă des catĂ©gories professionnelles plus favorisĂ©es. Par ailleurs cette classe comprend plus de filles 60 %, ce qui confirme une tendance forte soulignĂ©e par Olivier Donnat 2005 la fĂ©minisation des pratiques culturelles, quel que soit le type dâactivitĂ©s, est placĂ©e sous le signe de lâassiduitĂ© et de lâengagement dans les pratiques, y compris sâagissant des cultures lĂ©gitimes lecture, spectacle vivantâŠ. De façon indirecte, cette forte prĂ©sence des filles dans ce groupe pourrait aussi expliquer lâimplication dans la relation Ă la musique dĂ©jĂ existante chez les 6-14 ans Octobre, 2004, cette relation peut Ă©galement ĂȘtre mise en relation avec la propension des filles Ă Ă©changer beaucoup plus facilement que les garçons Octobre, 2005. Celle-ci se prolongerait chez les 15-25 ans et expliquerait en partie la caractĂ©ristique de ce groupe dâenquĂȘtĂ©s Ă Ă©changer autour de la musique et Ă inclure ces Ă©changes dans leurs rĂ©seaux 3 CaractĂ©ristiques de la classe 1Tableau 3 CaractĂ©ristiques de la classe 1Une relation romantique Ă la musique32Lâeffectif de cette classe est bien plus rĂ©duit que celui de la prĂ©cĂ©dente les nombres dâartistes citĂ©s et dâenquĂȘtĂ©s y sont trois fois moins importants Tableau 4.33Cet univers sâorganise autour des artistes les plus populaires chez les garçons. Le rap arrive en tĂȘte Ă travers les figures que sont MaĂźtre Gims, Booba et Kaaris, mĂȘme si la pop et la Soul sont Ă©galement des genres quâils apprĂ©cient. Une explication peut ĂȘtre avancĂ©e sâagissant de cette prĂ©fĂ©rence pour des artistes et des genres populaires la musique quâils Ă©coutent est portĂ©e par les rĂ©seaux numĂ©riques qui jouent un rĂŽle important dans la façon dont ils accĂšdent aux informations sur les artistes. Cela favorise des goĂ»ts orientĂ©s vers la musique commune Ă tous les jeunes de leur gĂ©nĂ©ration, celle-ci ne faisant pas pour ces enquĂȘtĂ©s lâobjet de beaucoup dâĂ©changes entre eux, de mĂȘme que lâon trouve peu chez eux ce qui serait de lâordre dâune transmission familiale. La musique dâailleurs ne les suit pas dans leur quotidien puisquâils lâĂ©coutent plus rarement que les autres en fond sonore et elle nâest pas centrale dans la relation quâils entretiennent avec leur famille et leurs pairs. Ceci conduirait Ă penser que, Ă lâopposĂ© dâune relation sĂ©lective-distinctive Ă la musique qui caractĂ©rise le groupe prĂ©cĂ©dent, les enquĂȘtĂ©s qui se rattachent Ă cet univers musical â du rap dâabord et de la pop ensuite â entretiennent avec elle une relation plus textes en langue française sont tout particuliĂšrement prĂ©sents dans les morceaux et lâensemble des genres apprĂ©ciĂ©s. Une hypothĂšse peut ĂȘtre esquissĂ©e au regard dâune caractĂ©ristique de cette classe les parents de nos enquĂȘtĂ©s ont une formation courte et occupent plus que les autres une position basse dans la stratification sociale. Issus de familles dont le capital Ă©conomique et culturel est faible, ces jeunes auraient plus tendance que les autres Ă associer de la langue anglaise Ă lâunivers scolaire et Ă prĂ©fĂ©rer des paroles en penchant pour des textes exprimĂ©s dans la langue natale peut aussi trouver une explication que nous pourrions qualifier de besoin de se trouver les paroles des chansons, comme le roman ou la poĂ©sie, offrent un potentiel imaginaire ouvrant sur des hypothĂšses dâexpĂ©riences qui permettent de se chercher dans les Ă©motions, les histoires et les situations qui y sont dĂ©crites. Cette projection trouverait Ă se prolonger dans une caractĂ©ristique propre Ă ce groupe lâintĂ©rĂȘt quâils portent Ă la vie de leurs stars du moment dont ils suivent lâactualitĂ© rĂ©guliĂšrement. On pourrait rĂ©sumer ces tendances en disant que cette pratique culturelle comporte une dimension romantique », au sens littĂ©ral du terme. Tableau 4 CaractĂ©ristiques de la classe 2Tableau 4 CaractĂ©ristiques de la classe 2Une musique gĂ©nĂ©rationnelle36Dans cet univers qui rĂ©unit 189 enquĂȘtĂ©s voisinent neuf genres musicaux significativement prĂ©sents Tableau 5. En dĂ©pit de cette variĂ©tĂ©, les corrĂ©lations montrent un centrage particulier autour du hip-hop, de la chanson française, de la pop et des variĂ©tĂ©s internationales. Ces diffĂ©rents genres ont en commun dâĂȘtre incarnĂ©s par les artistes les plus citĂ©s dans notre enquĂȘte, artistes qui plus tard symboliseront pour les enquĂȘtĂ©s Ă la fois une pĂ©riode de leur vie mais aussi une dĂ©cennie si le marketing sâen empare. Pour ces enquĂȘtĂ©s qui sont parmi les plus ĂągĂ©s de notre population, la musique provient largement des mĂ©dias classiques tĂ©lĂ©vision, radios. Si certaines radios peuvent se rĂ©vĂ©ler trĂšs spĂ©cialisĂ©es, la musique diffusĂ©e par lâensemble des radios toutes regroupĂ©es dans notre analyse est moins diversifiĂ©e que celle qui transite par les rĂ©seaux personnels ou certains sites Internet. Aussi, câest sans surprise que lâon trouve dans cet univers la concentration la plus importante dâartistes appartenant au Top 20 » de notre population. Dans cet univers, aucun contexte dâĂ©coute nâest privilĂ©giĂ© le bain musical est celui du moment et la musique fait peu lâobjet dâĂ©changes entre pairs, ce qui se conçoit facilement puisquâil nâest pas besoin dâĂ©changer des musiques dĂ©jĂ connues de tous. Câest un univers musical plutĂŽt fĂ©minin plus de 61 % de lâeffectif de ce groupe, centrĂ© autour du Top 20 de lâenquĂȘte, plutĂŽt celui de jeunes issus des classes moyennes et populaires. Tableau 5 CaractĂ©ristiques de la classe 3Tableau 5 CaractĂ©ristiques de la classe 3Une musique diversifiĂ©e autour dâune base partagĂ©e37Cet univers regroupe des enquĂȘtĂ©s appartenant plutĂŽt Ă des catĂ©gories supĂ©rieures diplĂŽme et profession du pĂšre, sans caractĂ©ristique de genre ou dâĂąge Tableau 6. Comme ceux de la classe 3, ces jeunes partagent le goĂ»t pour des artistes qui font consensus dans leur gĂ©nĂ©ration â les artistes trĂšs citĂ©s et les musiques du Top 20 â que beaucoup Ă©coutent en musique de fond, mais ils sâen distinguent en y adjoignant des artistes moins connus et des genres musicaux plus rares dans cette tranche dâĂąge jazz et classique, manifestant ainsi ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme des indices dâ dans cet univers le Top 20 est aussi Ă©coutĂ© que dans la classe 3, ces jeunes sâen distinguent par un rĂ©pertoire plus vaste puisquâils apprĂ©cient Ă©galement des artistes moins citĂ©s ainsi quâun peu de jazz et de classique. Alors que la majoritĂ© des jeunes de cet univers ne semble pas entretenir un rapport particuliĂšrement fort avec la musique, celle-ci participe pourtant Ă la construction et lâentretien des liens affinitaires au regard des conseils et discussions dont elle fait lâobjet en effet, que ce soit en amont on leur a conseillĂ© ou en aval ils ont conseillĂ©, ces enquĂȘtĂ©s citent beaucoup de personnes avec lesquelles ils Ă©changent dans le domaine musical. Pour ces jeunes qui tendanciellement appartiennent aux classes aisĂ©es, la musique constitue un thĂšme de discussion parmi dâ classe, qui partage avec la prĂ©cĂ©dente une faible implication dans le rapport Ă la musique mais sâannonce plus Ă©clectique dans les rĂ©fĂ©rences musicales, semble rĂ©unir autour dâun rapport Ă la musique des catĂ©gories sociales diffĂ©rentes les filles des classes supĂ©rieures et les garçons des milieux populaires. Ainsi, cette consensualitĂ© autour des artistes les plus reconnus, rĂ©sultant de la faible implication de ces jeunes dans lâĂ©coute de la musique, est contrebalancĂ©e par une diversitĂ© des rĂ©fĂ©rences musicales qui tient Ă deux groupes socialement distincts dont la co-prĂ©sence dans cette classe produit Ă la fois une mixitĂ© sexuelle et un effet relatif de diversitĂ© en matiĂšre de 6 CaractĂ©ristiques de la classe 4Tableau 6 CaractĂ©ristiques de la classe 4Le Rap amĂ©ricain40Cet univers musical est clairement celui du rap dont la caractĂ©ristique est dâĂȘtre mĂątinĂ© de pop, pour peu quâon Ă©coute les musiques citĂ©es Tableau 7. Sans quâil sâagisse dâun genre musical exclusif puisque lâĂ©lectro, la pop et le rock font Ă©galement partie des genres que ces enquĂȘtĂ©s apprĂ©cient, le rap en anglais â mĂȘme si cela nâexclut pas le français â domine largement leur rĂ©pertoire sont plus souvent des garçons et parmi les plus jeunes. Ils sont particuliĂšrement utilisateurs dâinternet et les musiques quâils citent ont Ă©tĂ© souvent dĂ©couvertes via les rĂ©seaux numĂ©riques et en ligne. MĂȘme si leurs repĂšres musicaux sont lĂ©gĂšrement plus larges que les enquĂȘtĂ©s des classes 3 et 4, les enquĂȘtĂ©s de cette classe citent des artistes figurant parmi les plus connus et il est vraisemblable que leur pratique de lâordinateur les expose aux recommandations algorithmiques des plateformes musicales. Peu reliĂ©e Ă un patrimoine musical familial, leur musique sâinscrit dans les sociabilitĂ©s avec les pairs puisque ces enquĂȘtĂ©s lâĂ©coutent plus que les autres avec des amis. De ce point de vue, on peut penser que ces Ă©changes de musiques sont le prolongement de comportements adolescents qui sâinscrivent sous le registre du faire ensemble » Delaunay-TĂ©terel & Metton-Gayon, 2009, spĂ©cifique aux modalitĂ©s de construction de lâidentitĂ© masculine. Ils semblent entretenir avec la musique un rapport Ă©troit si lâon en juge par leur tendance Ă possĂ©der chez eux les enregistrements des artistes quâils musique festive et fonctionnelle42CentrĂ© exclusivement sur notre Top 20, cet univers est celui dâune musique consommatoire qui accompagne les moments festifs et dans laquelle lâĂ©lectro tient une place importante Tableau 8. La radio et la tĂ©lĂ©vision sont les sources qui permettent Ă ces enquĂȘtĂ©s de se tenir au courant de lâactualitĂ© musicale du moment. Ces enquĂȘtĂ©s â qui ne sont pas caractĂ©risĂ©s par une identitĂ© sexuĂ©e, un Ăąge ou un milieu social â ont lĂ©gĂšrement plus que les autres grandi dans un environnement rural. Cet usage essentiellement rĂ©crĂ©atif de la musique explique quâelle nâapparaĂźt pas centrale dans la vie de cette classe la musique nâest pas le support de relations personnelles ils conseillent moins que les autres leurs musiques Ă une relation et ces jeunes ne manifestent pas dâinvestissement particulier autour de cette pratique culturelle. Pour eux, il est probable que la construction de lâidentitĂ© et les modes de sociabilitĂ©s se nouent autour dâautres activitĂ©s et 7 CaractĂ©ristiques de la classe 5Tableau 7 CaractĂ©ristiques de la classe 5Tableau 8 CaractĂ©ristiques de la classe 6Tableau 8 CaractĂ©ristiques de la classe 6Conclusion43Cette enquĂȘte prĂ©sente bien sĂ»r des limites. ConstituĂ© par des enquĂȘteurs lycĂ©ens des filiĂšres gĂ©nĂ©rales, notre Ă©chantillon laisse de cĂŽtĂ© une partie des couches les plus populaires. Par ailleurs, fondĂ©e sur les goĂ»ts du moment les morceaux apprĂ©ciĂ©s rĂ©cemment, notre enquĂȘte nâexplore pas les prĂ©fĂ©rences plus gĂ©nĂ©rales. Enfin, le choix dâune tranche dâĂąge particuliĂšre 15-25 ans, sâil permet de neutraliser lâeffet de gĂ©nĂ©ration, prĂ©sente Ă©videmment le dĂ©faut de laisser de cĂŽtĂ© les Ăąges dans lesquels peut parfois sâaffirmer le goĂ»t pour des musiques habituellement jugĂ©es plus lĂ©gitimes ». 44Cependant, en laissant les enquĂȘtĂ©s libres de leurs choix, lâenquĂȘte permet de mieux discerner la diversitĂ© des morceaux et des artistes. Ensuite, pour chaque morceau sont posĂ©es des questions qui en prĂ©cisent les conditions de connaissance et dâĂ©coute. Enfin, et surtout, câest la premiĂšre fois Ă notre connaissance que lâon inclut de façon aussi prĂ©cise la dimension des relations sociales dans une enquĂȘte sur les goĂ»ts musicaux. 45Ceci posĂ©, nous pouvons avancer un certain nombre dâenseignements que ce travail permet de tirer. 46Le premier est la quantitĂ© Ă©levĂ©e de rĂ©fĂ©rences musicales et de genres citĂ©s par les 15-25 ans. La source de cette multiplicitĂ© peut ĂȘtre la diversitĂ© des productions musicales consĂ©cutive Ă lâexplosion de cette consommation culturelle depuis les annĂ©es 1980. Elle est Ă©galement liĂ©e Ă la mĂ©thode que nous avons choisie, qui Ă©claire la partie immergĂ©e de lâiceberg des rĂ©fĂ©rences musicales, au-delĂ de la partie Ă©mergĂ©e des artistes trĂšs connus qui font en gĂ©nĂ©ral lâobjet des enquĂȘtes de ce type. 47Le deuxiĂšme enseignement est la variĂ©tĂ© des dimensions des univers musicaux. Trois principales dimensions ressortent de cette Ă©tude festive, gĂ©nĂ©rationnelle et distinctive. La dimension festive fait apparaĂźtre la place de la musique durant cette pĂ©riode du passage de la jeunesse vers la vie adulte elle dĂ©clenche, accompagne et soutient des moments de convivialitĂ© intense. Elle est particuliĂšrement reprĂ©sentĂ©e par la classe 6 qui montre lâexistence dâun univers musical contextuel et fonctionnel dans la mesure oĂč ce qui compte est sa capacitĂ© Ă provoquer et soutenir des moments partagĂ©s, caractĂ©ristiques de cette pĂ©riode de la vie. La seconde dimension â gĂ©nĂ©rationnelle â est constituĂ©e par des musiques et artistes consensuels qui rapprochent les individus dâune mĂȘme gĂ©nĂ©ration autour de morceaux largement diffusĂ©s. Peu marquĂ© socialement, ce fond musical regroupe indistinctement les filles et les garçons. La troisiĂšme dimension â distinctive â est celle des musiques socialement marquĂ©es dans lesquelles des choix musicaux laissent clairement apparaĂźtre des diffĂ©rences de classe ou de genre. Les classes 1 et 2 sont celles oĂč se lisent le plus distinctement les oppositions de goĂ»ts socialement marquĂ©es la relation sĂ©lective Ă la musique est tendanciellement celle des jeunes issus de catĂ©gories sociales supĂ©rieures et la relation romantique Ă la musique plus souvent lâexpression des catĂ©gories populaires. Les identitĂ©s sexuĂ©es apparaissent nettement dans les classes 2 et 5, Ă dominante dernier enseignement est la difficultĂ© de rattacher ces rĂ©sultats Ă une seule des thĂ©ories habituellement proposĂ©es. La thĂšse de lâĂ©clectisme des couches supĂ©rieures portĂ©e par Richard Peterson peut trouver Ă sâalimenter dans le nombre considĂ©rable dâartistes citĂ©s par nos enquĂȘtĂ©s plus de 1000, mĂȘme si pour cet auteur, lâĂ©clectisme est dâabord une diversitĂ© des genres, qui nâapparait pas dans ces donnĂ©es. Le modĂšle de la tablature avancĂ© par HervĂ© GlĂ©varec trouve dans notre enquĂȘte un certain Ă©tayage empirique dans la mesure oĂč nous voyons des diffĂ©rences importantes entre des artistes inscrits dans un mĂȘme genre en ce qui concerne les caractĂ©ristiques sociales de ceux qui les citent. Nous avons cependant observĂ© des diffĂ©rences sociales significatives entre certains genres. Au regard de nos rĂ©sultats, les diffĂ©rences sociales de goĂ»ts en matiĂšre de musique, mises en Ă©vidence naguĂšre par Pierre Bourdieu, continuent dâexister, mĂȘme si elles se prĂ©sentent sous un jour nouveau liĂ© Ă des Ă©volutions inter-genres, voire intra-genre, qui dĂ©placent lâexpression de ces diffĂ©rences. Au caractĂšre marginal de la musique classique dans la classe dâĂąge que nous avons Ă©tudiĂ©e sâoppose lâimportance prise par le rock, qui a connu une diffusion massive et une montĂ©e en lĂ©gitimitĂ© importante depuis les annĂ©es 1970. Si lâon considĂšre que lâexpression des goĂ»ts musicaux est pour les individus et les groupes sociaux une modalitĂ© de la distinction, il est vraisemblable que le rock peut constituer aujourdâhui un support de distinction Ă©quivalent de ce que pouvait ĂȘtre la musique classique jusquâaux annĂ©es 1960-1970, ce qui Ă©tait suggĂ©rĂ© par Philippe Coulangeon 2003, 2010. Par ailleurs, les diffĂ©rences notables apparues dans notre enquĂȘte au sein mĂȘme des genres â le rap en anglais ne sĂ©duit pas tout Ă fait le mĂȘme public que le rap chantĂ© en français qui est plus frĂ©quent chez les garçons des couches populaires â suggĂšrent que ces distributions plus fines Ă lâintĂ©rieur des genres peuvent ĂȘtre Ă©galement lues comme le dĂ©placement de logiques de distinction qui auraient pu sembler aplanies dans la tranche dâĂąge des 15-25 Ă©miettement en univers distincts se combine avec la variĂ©tĂ© des usages de la musique. Les classes que nous avons dĂ©gagĂ©es montrent en effet que les regroupements autour dâunivers de goĂ»ts relĂšvent de logiques diffĂ©rentes dont les dimensions festives, gĂ©nĂ©rationnelles et distinctives rendent compte. Elles esquissent Ă©galement deux grandes formes de relations â une faible implication, ou un rapport Ă©troit â que les jeunes entretiennent Ă la musique ; celles-ci se ne confondent pas complĂštement avec les trois dimensions et sâavĂšrent relativement transversales. Cela suggĂšre que des logiques diverses sont Ă lâĆuvre et lâon peut supposer que si, dans certains cas, une distinction discrĂšte se joue encore dans la musique, il est Ă©galement probable que celle-ci nâest plus aujourdâhui le lieu oĂč la distinction au sens de Pierre Bourdieu sâexerce le des consĂ©quences de cette diversification est lâaccroissement des rĂ©seaux personnels par lesquels circule la musique et par lesquels les individus sâentendent sur sa valeur. Si le processus de distinction subsiste, celui-ci est moins que par le passĂ© appuyĂ© sur des instances de lĂ©gitimation surplombantes et imposantes », il rĂ©sulte plutĂŽt de ces rĂ©seaux plus rĂ©duits dâinterconnaissance et reconnaissance. LâenquĂȘte montre en effet que les chaines de recommandation complĂštes [16] sont plus frĂ©quentes chez les jeunes issus de classes supĂ©rieures et concernent tendanciellement les artistes plus confidentiels. Cela permet de penser que, selon les situations, les individus peuvent passer ou non de logiques de diffĂ©renciation Ă des logiques de une approche inĂ©dite sur les goĂ»ts en matiĂšre de musique, notre Ă©tude fait apparaĂźtre une rĂ©alitĂ© complexe qui suggĂšre une certaine complĂ©mentaritĂ© des thĂ©ories les plus courantes dans le domaine [17]. Notes [1] Ce travail, rĂ©alisĂ© dans le cadre du LABEX SMS portant la rĂ©fĂ©rence ANR-11-LABX-0066, a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune aide de lâĂtat gĂ©rĂ©e par lâAgence nationale de la recherche au titre du programme Investissements dâavenir portant la rĂ©fĂ©rence no ANR-11-IDEX-0002-02. Le groupe de chercheurs de SMS comprend Martine Azam, Marianne Blanchard, Johann Chaulet, Caroline Datchary, Julien Figeac, Michel Grossetti, Laurent Laffont, BenoĂźt Tudoux. Le groupe des 38 professeurs de sciences Ă©conomiques et sociales Ă©tait animĂ© par Jean-Pierre Malrieu et Roxanne Saur. [2] [3] Nos jeunes enquĂȘteurs » ont collectĂ© 2 462 questionnaires que nous avons analysĂ©s en dĂ©tail pour Ă©carter tous ceux qui Ă©taient incomplets, ceux qui prĂ©sentaient des problĂšmes de cohĂ©rence des rĂ©ponses ou encore ceux que les professeurs jugeaient peu fiables, rĂ©duisant le corpus Ă 2 261 cas. Nous avons ensuite Ă©cartĂ© pour cette analyse les questionnaires ne citant quâun artiste aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© que cela ne modifiait pas significativement la rĂ©partition des principales variables, ce qui rĂ©duit notre population dâanalyse Ă 1 447 enquĂȘtĂ©s. [4] Nous ne cherchons pas en effet Ă infĂ©rer des probabilitĂ©s dâoccurrence de choix dans la population de rĂ©fĂ©rence, ce pourquoi nous nâavons pas eu recours Ă des pondĂ©rations, mais Ă analyser des corrĂ©lations entre des choix musicaux et des caractĂ©ristiques des enquĂȘtĂ©s et de leurs pratiques. [5] Les 100 premiers artistes citĂ©s, qui totalisent 63 % des citations, ne reprĂ©sentent que 9,3 % des artistes citĂ©s. [6] Ces 26 genres regroupĂ©s agrĂšgent des genres citĂ©s spontanĂ©ment avec une faible frĂ©quence par les enquĂȘtĂ©s autour de lâun de ceux qui se trouve parmi les plus citĂ©s. Par exemple au genre MĂ©tal » citĂ© trente-deux fois, nous avons agrĂ©gĂ© Heavy mĂ©tal » citĂ© sept fois, MĂ©tal symphonique » citĂ© cinq fois, Folk MĂ©tal » citĂ© deux fois, etc. [7] Le terme dĂ©signe en gĂ©nĂ©ral ce qui marque les membres dâune gĂ©nĂ©ration et pas seulement ce quâils apprĂ©cient. Nous lâutilisons en faisant lâhypothĂšse que ce qui marque plait Ă un nombre important de personnes sans quoi ces musiques ne seraient pas connues de ceux qui ne les apprĂ©cient pas, ce qui est le cas des artistes Ă©voquĂ©s ici. [8] On utilise ici cette expression dans la tradition de lâanalyse des rĂ©seaux sociaux et plus particuliĂšrement dans lâanalyse des chaines relationnelles Grossetti et al., 2011. [9] [10] [11] [12] 13. Lâalgorithme utilisĂ© produit 32 classes, mais 26 dâentre elles comptent trĂšs peu de citations moins de 20, alors que la plus petite des six premiĂšres en compte 310. Nous avons donc regroupĂ© ces petites classes en une seule, qui totalise 82 citations et 30 enquĂȘtĂ©s. Les analyses qui suivent ne tiennent pas compte de cette classe. [13] 14. Korean Pop qui connaĂźt depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 un fort dĂ©veloppement chez les jeunes gĂ©nĂ©rations. [14] 15. Bien que ce genre soit trĂšs peu prĂ©sent, il faut tout de mĂȘme souligner que câest la seule classe avec la classe 4 Ă citer significativement la musique classique. [15] 16. Câest dâailleurs le seul groupe dans lequel on trouve une corrĂ©lation positive avec la variable musique dĂ©couverte lors dâun concert » et la consultation de mĂ©dias dĂ©diĂ©s pour la dĂ©couverte de musiques. [16] 17. Un mĂȘme morceau a Ă©tĂ© conseillĂ© Ă lâenquĂȘtĂ© par une de ses relations et lui-mĂȘme lâa conseillĂ© Ă une autre relation. [17] BibliographieBergĂ© A. & Granjon F. 2017, Ăclectisme culturel et sociabilitĂ©s. La dimension collective du mĂ©lange des genres chez trois jeunes usagers des Ă©crans enquĂȘte », Terrains & travaux, no 12, pp. V. D., Guillaume Lambiotte R. & Lefebvre E. 2008, Fast Unfolding of Communities in Large Networks », Journal of Statistical Mechanics Theory and Experiment, no 10, pp. P. 1979, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, P. 2003, La stratification sociale des goĂ»ts musicaux. Le modĂšle de la lĂ©gitimitĂ© culturelle en question », Revue française de sociologie, vol. 44, no 1, pp. 3-33. En ligneCoulangeon P.2010, Les mĂ©tamorphoses de la lĂ©gitimitĂ© », Actes de la recherche en sciences sociales, no 181-182, pp. H. & MĂ©tton-Gayon C. 2009, Les adolescents et leurs pratiques de communication nouveaux objets, nouveaux usages », in Association BibliothĂšques en Seine-Saint-Denis. Pratiques culturelles des adolescents, JournĂ©e dâĂ©tude du 24/11/2009 [en ligne]. consultĂ© le 23 mars P.1987, Classification in Art », American Sociological Association, vol. 52, no 4, pp. P., Evans J. & Bryson B. 1996, Have Americanâs Social Attitudes Become More Polarized? », American Journal of Sociology, vol. 102, n° 3, pp. P. & Moktar T. 2004, Arts Participation as Cultural Capital in the United States, 1982-2002 Signs of Decline? », Poetics, vol. 32, no 2, pp. ligneDonnat O. 2004, Les univers culturels des Français », Sociologie et sociĂ©tĂ©s, vol. 36, no 1, pp. 87-103. En ligneDonnat O. 2005, 49. La fĂ©minisation des pratiques culturelles », in Maruani M. dir, Femmes, genre et sociĂ©tĂ©s. LâĂ©tat des savoirs, Paris, La DĂ©couverte, pp. H. & Pinet M. 2009, La âtablatureâ des goĂ»ts musicaux un modĂšle de structuration des prĂ©fĂ©rences et des jugements », Revue française de sociologie, vol. 50, no 3, pp. H. & Pinet M. 2013, De la distinction Ă la diversitĂ© culturelle. Ăclectismes qualitatifs, reconnaissance culturelle et jugement dâamateur », LâAnnĂ©e sociologique, vol. 63, no 2, pp. M., Barthe, & Chauvac N. 2011, Studying Relational Chains from Narrative Material », Bulletin of Sociological Methodology/Bulletin de mĂ©thodologie socioÂlogique, vol. 110, n° 1, pp. L. & Tudoux B. 2017, EnquĂȘter sur les goĂ»ts musicaux, varier les Ă©chelles dâanalyse, accĂ©der aux modes de qualification musicale le cas des jeunes de 15-25 ans en Midi-PyrĂ©nĂ©es », in Le Guern P. dir., En quĂȘte de musique. Questions de mĂ©thode Ă lâĂšre de la numĂ©rimorphose, Paris, Hermann, pp. ligneLamont M.1992, Money, Morals, and Manners the Culture of the French and American Upper-middle Class, Chicago, University of Chicago Press. En ligneOctobre S. 2004, Loisirs culturels des 6-14 ans, Paris, MinistĂšre de la culture-DEPS Questions de culture ».Octobre S. 2005, La fabrique sexuĂ©e des goĂ»ts culturels. Construire son identitĂ© de fille ou de garçon Ă travers son identitĂ© sexuelle », DĂ©veloppement culturel, DEPS, n° 150. En ligneOctobre S. 2010, La socialisation culturelle sexuĂ©e des enfants au sein de la famille », Cahiers du Genre, vol. 49, no 2, pp. S. 2011, Du fĂ©minin et du masculin », RĂ©seaux, vol. 168-169, no 4, pp. lignePeterson R. A. 1992a, Understanding Audience Segmentation From Elite and Mass to Omnivore and Univore », Poetics, vol. 21, no 4, pp. R. A. 2004, Le passage Ă des goĂ»ts omnivores notions, faits et perspectives », Sociologie et sociĂ©tĂ©s, vol. 36, no 1, pp. R. A. & Kern R. M . 1996, Changing Highbrow Taste From Snob to Omnivore », American Sociological Review, vol. 61, no 5, pp. N. & Roueff O. 2014, An Eclectic Eclecticism Methodological and Theoretical Issues About the Quantification of Cultural Omnivorism », Poetics, no 47, pp. 23-40.
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Domitille et Amaury rĂ©enchantent certains des plus beaux textes de la chanson française Charles Trenet, Henri Salvador, FĂ©lix Leclerc, Francis Lemarque... Dix chansons subtiles et Ă©mouvantes illustrĂ©es tout en tendresse par Olivier Tallec et joyeusement arrangĂ©es par Marc Quand on s'balade- Le petit bonheur- La tendresse- La grenouille - Route Nationale 7- Balade irlandaise- Une chanson douce- Du soleil plein la tĂȘte- Mes petites prĂ©fĂ©rences- Qu'est-ce qu'on attend pour ĂȘtre heureux ?Contient 1 CD audio. DurĂ©e d'Ă©coute environ 30 mnDomitille et Amaury rĂ©enchantent certains des plus beaux textes de la chanson française. Dix chansons subtiles et Ă©mouvantes illustrĂ©es tout en tendresse par Olivier Tallec et joyeusement arrangĂ©es par Marc Demais.
LesmĂ©dias deviennent la source d'alimentation de discothĂšques personnelles de plus en plus Ă©toffĂ©es. 56% des 15-50 ans Ă©coutent le plus souvent leur propre musique (vs la musique proposĂ©e par les mĂ©dias). 40% dĂ©clarent Ă©couter tous les genres de musique ou presque. Le fossĂ© se creuse entre ados et adultes. 49% des ados se couchent en Stopbank progress as floods predicted Changing weather patterns and climate could see more Mataura River flooding events, Environment Southland staff say. Staff held a drop in centre in Mataura on... Art on offer for Daffodil Day Gore artist Julie Duncan has donated a painting to raise money for the Cancer SocietyĂąâŹâąs Daffodil Day. A new owner for the painting will be... Win credited to players Sport August 23, 2022 It could be said that Ex High has a firm grip on Netball Eastern SouthlandĂąâŹâąs top prize. On Saturday, an Ex High team coached by... Graves fights to first in ĂąâŹËgreat battleĂąâŹâą Sport August 19, 2022 ĂąâŹËĂąâŹËEverything a rally should Drivers have praised the McLellan Freight Catlins Rallysprint this weekend for ĂąâŹËĂąâŹËeffortlessĂąâŹâąĂąâŹâą delivery of a classic rallying experience. Gore charger... Nen dĂ©plaise aux adultes, le rap est devenu la musique prĂ©fĂ©rĂ©e des ados. Au lieu de le dĂ©nigrer, on peut tenter de le dĂ©crypter et dâen faire un espace de dialogue avec nos enfants. AGI-SON publie le baromĂštre annuel Jeunes, musique et risques auditifs » qui dĂ©taille les habitudes dâĂ©coute et de consommation musicales des adolescents. RĂ©alisĂ©e par le bureau dâĂ©tudes SoCo pour AGI-SON, cette enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e auprĂšs de 8 599 collĂ©giennes et lycĂ©ennes ayant participĂ© aux concerts pĂ©dagogiques Peace & Lobe. Elle fait apparaĂźtre plusieurs faits qui pourraient se rĂ©sumer ainsi si les mineurs nâont pas encore la capacitĂ© Ă se rendre facilement en concert, ils Ă©coutent beaucoup, voire Ă©normĂ©ment de musique, principalement au casque et sur smartphone, trĂšs souvent Ă une seule oreillette, et cela que ce soit pour faire les devoirs scolaires ou pour sâendormir. Sinon, ils aiment un peu de tout mais surtout du rap, Ă©coutent plus facilement quâon ne pourrait le croire de la musique avec leurs parents et sont de grands auditeurs des playlists proposĂ©es par les services de streaming. SynthĂšse des rĂ©sultats de lâĂ©tude BAROMĂTRE 2019 JEUNES, MUSIQUE ET RISQUES AUDITIFS » DonnĂ©es de consommation Comment Ă©voluent les pratiques musicales des jeunes âą Le hip-hop est le genre musical prĂ©fĂ©rĂ© 75,2 %, loin devant la chanson pop 46,2 % et lâelectro 28,4 %. 80 % des jeunes Ă©coutent des musiques que leurs parents Ă©coutent Ă©galement chanson pop, musiques du monde, hip-hop⊠;le smartphone est devenu le support dâĂ©coute le plus utilisĂ© par les jeunes 88,4 % ;prĂšs de 70 % des jeunes Ă©coutent quotidiennement de la musique en streaming ;YouTube 94 % est le site le plus frĂ©quentĂ© par les 12-18 ans ;lâaccĂšs payant Ă des sites de streaming augmente progressivement et sâĂ©lĂšve Ă 29 % ;le tĂ©lĂ©chargement payant stagne Ă 20 % ;les playlists des sites de streaming remportent un vif succĂšs 8 jeunes sur 10 les Ă©coutent ; elles ont un rĂŽle de prescripteur puisquâun jeune sur 2 y a rĂ©cemment dĂ©couvert un artiste ;70 % des jeunes crĂ©ent des playlists en ligne mais seules 10 % les partagent publiquement ;1/4 des jeunes dĂ©clarent ĂȘtre sensible Ă la qualitĂ© sonore de ce quâils Ă©coutent. ModalitĂ©s dâĂ©coute et risques auditifs des Ă©couteurs et casques vissĂ©s aux oreilles 87,4 % des jeunes utilisent des Ă©couteurs ou un casque pour Ă©couter la musique. 1/3 Ă©coutent 2 heures ou plus de musique au casque par jour ;la musique de jour comme de nuit 54 % des jeunes Ă©coutent au moins 2 heures de musique par jour et 17,4 % Ă©coutent jusquâĂ 5 heures et plus ! La musique est omniprĂ©sente dans leur vie 1 sur 2 dĂ©clare faire rĂ©guliĂšrement ses devoirs en musique. Plus Ă©tonnant, ils sont 2/3 Ă Ă©couter la musique avec une seule oreillette ce qui leur permet, entre autre, de discuter en mĂȘme temps. La musique les accompagne jusque dans leur sommeil puisque 52,2 % des adolescentes sâendorment en Ă©coutant de la musique ;des pratiques Ă risque si lâon met en regard les rĂ©sultats du baromĂštre avec les prĂ©conisations sur lâexposition sonore, on observe que les habitudes dâĂ©coute sont majoritairement Ă risque. En effet, la durĂ©e dâĂ©coute au casque recommandĂ©e par AGI-SON est autour de 2 heures par semaine et le temps de repos des oreilles est un facteur indispensable pour leur permettre de se rĂ©gĂ©nĂ©rer ;des troubles auditifs ressentis plus dâun jeune sur 3 a dĂ©jĂ eu un trouble auditif et parmi eux, 82,7 % dĂ©clarent avoir eu un acouphĂšne. LâĂ©coute sur smartphone est la principale source de troubles auditifs identifiĂ©e, viennent ensuite les soirĂ©es entre amis ;des messages de prĂ©vention entendus 68,4 % des jeunes dĂ©clarent que le concert pĂ©dagogique Peace & Lobe aura une influence sur leur façon dâĂ©couter la musique. Plus dâun jeune sur 2 a retenu que les lĂ©sions auditives sont irrĂ©versibles, et 32,3 % des adolescentes ayant assistĂ© au Peace&Lobe se disent prĂȘtes Ă Ă©couter la musique moins fort suite au spectacle sâils ne devaient adopter quâun seul comportement. OWQixP.