Elégantet séducteur, voilà la réputation d'ArsÚne Lupin, gentleman-cambrioleur de « Belle Epoque ». Son intelligence, sa culture et ses talents d'illusionniste entre Fregoli et Robert-Houdin sont au service d'un culot stupéfiant. Mais cet homme du monde accompli est aussi un anarchiste dans l'ùme qui se joue des conventions sociales ave
Arsùne Lupin, gentleman cambrioleurPublished on Jan 15, 2013Arsùne Lupin est un personnage impertinent qui cambriole les maisons des nobles et des bourgeois. Personne ne sait vraiment comment il est, parce qu’i... ELI Publishing
LesuccĂšs retentissant du gentleman-cambrioleur rĂ©duit aussitĂŽt Ă  l’échec toute tentative de son auteur de faire paraĂźtre un rĂ©cit qui ne soit donc pas une aventure d’ArsĂšne Lupin. De mĂȘme, les coups d’archet rĂ©pĂ©tĂ©s de Sherlock Holmes Ă©touffent les prĂ©tentions historiques de son crĂ©ateur. LE SEPTDE CƒUR Une question se pose, et elle me fut souvent posĂ©e — Comment ai-je connu ArsĂšne Lupin ? Personne ne doute que je le connaisse. Les dĂ©tails que j’accumule sur cet homme dĂ©concertant, les faits irrĂ©futables que j’expose, les preuves nouvelles que j’apporte, l’interprĂ©tation que je donne de certains actes dont on n’avait vu que les manifestations extĂ©rieures sans en pĂ©nĂ©trer les raisons secrĂštes ni le mĂ©canisme invisible, tout cela prouve bien, sinon une intimitĂ©, que l’existence mĂȘme de Lupin rendrait impossible, du moins des relations amicales et des confidences suivies. Mais comment l’ai-je connu ? D’oĂč me vient la faveur d’ĂȘtre son historiographe ? Pourquoi moi et pas un autre ? La rĂ©ponse est facile le hasard seul a prĂ©sidĂ© Ă  un choix oĂč mon mĂ©rite n’entre pour rien. C’est le hasard qui m’a mis sur sa route. C’est par hasard que j’ai Ă©tĂ© mĂȘlĂ© Ă  l’une de ses plus Ă©tranges et de ses plus mystĂ©rieuses aventures, par hasard enfin que je fus acteur dans un drame dont il fut le merveilleux metteur en scĂšne, drame obscur et complexe, hĂ©rissĂ© de telles pĂ©ripĂ©ties que j’éprouve un certain embarras au moment d’en entreprendre le rĂ©cit. Le premier acte se passe au cours de cette fameuse nuit du 22 au 23 juin dont on a tant parlĂ©. Et, pour ma part, disons-le tout de suite, j’attribue la conduite assez anormale que je tins en l’occasion, Ă  l’état d’esprit trĂšs spĂ©cial oĂč je me trouvais en rentrant chez moi. Nous avions dĂźnĂ© entre amis au restaurant de la Cascade, et, toute la soirĂ©e, tandis que nous fumions et que l’orchestre de tziganes jouait des valses mĂ©lancoliques, nous n’avions parlĂ© que de crimes et de vols, d’intrigues effrayantes et tĂ©nĂ©breuses. C’est toujours lĂ  une mauvaise prĂ©paration au sommeil. Les Saint-Martin s’en allĂšrent en automobile. Jean Daspry, — ce charmant et insouciant Daspry qui devait, six mois aprĂšs, se faire tuer de façon si tragique sur la frontiĂšre du Maroc, — Jean Daspry et moi nous revĂźnmes Ă  pied par la nuit obscure et chaude. Quand nous fĂ»mes arrivĂ©s devant le petit hĂŽtel que j’habitais depuis un an Ă  Neuilly, sur le boulevard Maillot, il me dit — Vous n’avez jamais peur ? — Quelle idĂ©e ! — Dame, ce pavillon est tellement isolĂ© ! pas de voisins
 des terrains vagues
 Vrai, je ne suis pas poltron, et cependant
 — Eh bien, vous ĂȘtes gai, vous ! — Oh ! je dis cela comme je dirais autre chose. Les Saint-Martin m’ont impressionnĂ© avec leurs histoires de brigands. M’ayant serrĂ© la main il s’éloigna. Je pris ma clef et j’ouvris. — Allons ! bon, murmurai-je, Antoine a oubliĂ© de m’allumer une bougie. Et soudain je me rappelai Antoine Ă©tait absent, je lui avais donnĂ© congĂ©. Tout de suite l’ombre et le silence me furent dĂ©sagrĂ©ables. Je montai jusqu’à ma chambre Ă  tĂątons, le plus vite possible, et, aussitĂŽt, contrairement Ă  mon habitude, je tournai la clef et poussai le verrou. La flamme de la bougie me rendit mon sang-froid. Pourtant j’eus soin de tirer mon revolver de sa gaine, un gros revolver Ă  longue portĂ©e, et je le posai Ă  cĂŽtĂ© de mon lit. Cette prĂ©caution acheva de me rassurer. Je me couchai et, comme Ă  l’ordinaire, pour m’endormir, je pris sur la table de nuit le livre qui m’y attendait chaque soir. Je fus trĂšs Ă©tonnĂ©. À la place du coupe-papier dont je l’avais marquĂ© la veille, se trouvait une enveloppe, cachetĂ©e de cinq cachets de cire rouge. Je la saisis vivement. Elle portait comme adresse mon nom et mon prĂ©nom, accompagnĂ©s de cette mention Urgente ». Une lettre ! une lettre Ă  mon nom ! qui pouvait l’avoir mise Ă  cet endroit ? Un peu nerveux, je dĂ©chirai l’enveloppe, et je lus À partir du moment oĂč vous aurez ouvert cette lettre, quoi qu’il arrive, quoi que vous entendiez, ne bougez plus, ne faites pas un geste, ne jetez pas un cri. Sinon, vous ĂȘtes perdu. » Moi non plus je ne suis pas un poltron, et, tout aussi bien qu’un autre, je sais me tenir en face du danger rĂ©el, ou sourire des pĂ©rils chimĂ©riques dont s’effare notre imagination. Mais, je le rĂ©pĂšte, j’étais dans une situation d’esprit anormale, plus facilement impressionnable, les nerfs Ă  fleur de peau. Et d’ailleurs, n’y avait-il pas dans tout cela quelque chose de troublant et d’inexplicable qui eĂ»t Ă©branlĂ© l’ñme du plus intrĂ©pide ? Mes doigts serraient fiĂ©vreusement la feuille de papier, et mes yeux relisaient sans cesse les phrases menaçantes
 Ne faites pas un geste
 ne jetez pas un cri
 sinon, vous ĂȘtes perdu
 » Allons donc ! pensai-je, c’est quelque plaisanterie, une farce imbĂ©cile. Je fus sur le point de rire, mĂȘme je voulus rire Ă  haute voix. Qui m’en empĂȘcha ? Quelle crainte indĂ©cise me comprima la gorge ? Du moins je soufflerais la bougie. Non, je ne pus la souffler. Pas un geste, ou vous ĂȘtes perdu », Ă©tait-il Ă©crit. Mais pourquoi lutter contre ces sortes d’autosuggestions plus impĂ©rieuses souvent que les faits les plus prĂ©cis ? Il n’y avait qu’à fermer les yeux. Je fermai les yeux. Au mĂȘme moment, un bruit lĂ©ger passa dans le silence, puis des craquements. Et cela provenait, me sembla-t-il, d’une grande salle voisine oĂč j’avais installĂ© mon cabinet de travail et dont je n’étais sĂ©parĂ© que par l’antichambre. L’approche d’un danger rĂ©el me surexcita, et j’eus la sensation que j’allais me lever, saisir mon revolver et me prĂ©cipiter dans cette salle. Je ne me levai point en face de moi, un des rideaux de la fenĂȘtre de gauche avait remuĂ©. Le doute n’était pas possible il avait remuĂ©. Il remuait encore ! Et je vis — oh ! je vis cela distinctement — qu’il y avait entre les rideaux et la fenĂȘtre, dans cet espace trop Ă©troit, une forme humaine dont l’épaisseur empĂȘchait l’étoffe de tomber droit. Et l’ĂȘtre aussi me voyait, il Ă©tait certain qu’il me voyait Ă  travers les mailles trĂšs larges de l’étoffe. Alors je compris tout. Tandis que les autres emportaient leur butin, sa mission Ă  lui consistait Ă  me tenir en respect. Me lever ? Saisir un revolver ? Impossible
 il Ă©tait lĂ  ! au moindre geste, au moindre cri, j’étais perdu. Un coup violent secoua la maison, suivi de petits coups groupĂ©s par deux ou trois, comme ceux d’un marteau qui frappe sur des pointes et qui rebondit. Ou du moins voilĂ  ce que j’imaginais, dans la confusion de mon cerveau. Et d’autres bruits s’entrecroisĂšrent, un vĂ©ritable vacarme qui prouvait que l’on ne se gĂȘnait point, et que l’on agissait en toute sĂ©curitĂ©. On avait raison je ne bougeai pas. Fut-ce lĂąchetĂ© ? Non, anĂ©antissement plutĂŽt, impuissance totale Ă  mouvoir un seul de mes membres. Sagesse Ă©galement, car enfin pourquoi lutter ? DerriĂšre cet homme, il y en avait dix autres qui viendraient Ă  son appel. Allais-je risquer ma vie pour sauver quelques tapisseries et quelques bibelots ? Et toute la nuit ce supplice dura. Supplice intolĂ©rable, angoisse terrible ! Le bruit s’était interrompu, mais je ne cessais d’attendre qu’il recommençùt. Et l’homme ! l’homme qui me surveillait, l’arme Ă  la main ! Mon regard effrayĂ© ne le quittait pas. Et mon cƓur battait ! et de la sueur ruisselait de mon front et de tout mon corps ! Et tout Ă  coup un bien-ĂȘtre inexprimable m’envahit une voiture de laitier dont je connaissais bien le roulement, passa sur le boulevard, et j’eus en mĂȘme temps l’impression que l’aube se glissait entre les persiennes closes et qu’un peu de jour dehors se mĂȘlait Ă  l’ombre. Et le jour pĂ©nĂ©tra dans la chambre. Et d’autres voitures passĂšrent. Et tous les fantĂŽmes de la nuit s’évanouirent. Alors je sortis un bras du lit, lentement, sournoisement. En face rien ne remua. Je marquai des yeux le pli du rideau, l’endroit prĂ©cis oĂč il fallait viser, je fis le compte exact des mouvements que je devais exĂ©cuter, et, rapidement, j’empoignai mon revolver et je tirai. Je sautai hors du lit avec un cri de dĂ©livrance, et je bondis sur le rideau. L’étoffe Ă©tait percĂ©e, la vitre Ă©tait percĂ©e. Quant Ă  l’homme, je n’avais pu l’atteindre
 pour cette bonne raison qu’il n’y avait personne. Personne ! Ainsi, toute la nuit, j’avais Ă©tĂ© hypnotisĂ© par un pli de rideau ! Et pendant ce temps, des malfaiteurs
 Rageusement, d’un Ă©lan que rien n’eĂ»t arrĂȘtĂ©, je tournai la clef dans la serrure, j’ouvris ma porte, je traversai l’antichambre, j’ouvris une autre porte, et je me ruai dans la salle. Mais une stupeur me cloua sur le seuil, haletant, abasourdi, plus Ă©tonnĂ© encore que je ne l’avais Ă©tĂ© de l’absence de l’homme rien n’avait disparu. Toutes les choses que je supposais enlevĂ©es, meubles, tableaux, vieux velours et vieilles soies, toutes ces choses Ă©taient Ă  leur place ! Spectacle incomprĂ©hensible ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Pourtant ce vacarme, ces bruits de dĂ©mĂ©nagement
 Je fis le tour de la piĂšce, j’inspectai les murs, je dressai l’inventaire de tous ces objets que je connaissais si bien. Rien ne manquait ! Et ce qui me dĂ©concertait le plus, c’est que rien non plus ne rĂ©vĂ©lait le passage des malfaiteurs, aucun indice, pas une chaise dĂ©rangĂ©e, pas une trace de pas. — Voyons, voyons, me disais-je en me prenant la tĂȘte Ă  deux mains, je ne suis pourtant pas un fou ! J’ai bien entendu !
 Pouce par pouce, avec les procĂ©dĂ©s d’investigation les plus minutieux, j’examinai la salle. Ce fut en vain. Ou plutĂŽt
 mais pouvais-je considĂ©rer cela comme une dĂ©couverte ? Sous un petit tapis persan, jetĂ© sur le parquet, je ramassai une carte, une carte Ă  jouer. C’était un sept de cƓur, pareil Ă  tous les sept de cƓur des jeux de cartes français, mais qui retint mon attention par un dĂ©tail assez curieux. La pointe extrĂȘme de chacune des sept marques rouges en forme de cƓur, Ă©tait percĂ©e d’un trou, le trou rond et rĂ©gulier qu’eĂ»t pratiquĂ© l’extrĂ©mitĂ© d’un poinçon. VoilĂ  tout. Une carte et une lettre trouvĂ©e dans un livre. En dehors de cela, rien. Était-ce assez pour affirmer que je n’avais pas Ă©tĂ© le jouet d’un rĂȘve ? ⁂ Toute la journĂ©e, je poursuivis mes recherches dans le salon. C’était une grande piĂšce en disproportion avec l’exiguĂŻtĂ© de l’hĂŽtel, et dont l’ornementation attestait le goĂ»t bizarre de celui qui l’avait conçue. Le parquet Ă©tait fait d’une mosaĂŻque de petites pierres multicolores, formant de larges dessins symĂ©triques. La mĂȘme mosaĂŻque recouvrait les murs, disposĂ©e en panneaux, allĂ©gories pompĂ©iennes, compositions bizantines, fresque du moyen Ăąge. Un Bacchus enfourchait un tonneau. Un empereur couronnĂ© d’or, Ă  barbe fleurie, tenait un glaive dans sa main droite. Tout en haut, un peu Ă  la façon d’un atelier, se dĂ©coupait l’unique et vaste fenĂȘtre. Cette fenĂȘtre Ă©tant toujours ouverte la nuit, il Ă©tait probable que les hommes avaient passĂ© par lĂ , Ă  l’aide d’une Ă©chelle. Mais, ici encore, aucune certitude. Les montants de l’échelle eussent dĂ» laisser des traces sur le sol battu de la cour il n’y en avait point. L’herbe du terrain vague qui entourait l’hĂŽtel aurait dĂ» ĂȘtre fraĂźchement foulĂ©e elle ne l’était pas. J’avoue que je n’eus point l’idĂ©e de m’adresser Ă  la police, tellement les faits qu’il m’eĂ»t fallu exposer Ă©taient inconsistants et absurdes. On se fĂ»t moquĂ© de moi. Mais, le surlendemain, c’était mon jour de chronique au Gil Blas, oĂč j’écrivais alors. ObsĂ©dĂ© par mon aventure, je la racontai tout au long. L’article ne passa pas inaperçu, mais je vis bien qu’on ne le prenait guĂšre au sĂ©rieux, et qu’on le considĂ©rait plutĂŽt comme une fantaisie que comme une histoire rĂ©elle. Les Saint-Martin me raillĂšrent. Daspry, cependant, qui ne manquait pas d’une certaine compĂ©tence en ces matiĂšres, vint me voir, se fit expliquer l’affaire et l’étudia
 sans plus de succĂšs d’ailleurs. Or, un des matins suivants, le timbre de la grille rĂ©sonna, et Antoine vint m’avertir qu’un monsieur dĂ©sirait me parler. Il n’avait pas voulu donner son nom. Je le priai de monter. C’était un homme d’une quarantaine d’annĂ©es, trĂšs brun, de visage Ă©nergique, et dont les habits propres, mais usĂ©s, annonçaient un souci d’élĂ©gance qui contrastait avec ses façons plutĂŽt vulgaires. Sans prĂ©ambule, il me dit — d’une voix Ă©raillĂ©e, avec des accents qui me confirmĂšrent la situation sociale de l’individu — Monsieur, en voyage, dans un cafĂ©, le Gil Blas m’est tombĂ© sous les yeux. J’ai lu votre article. Il m’a intĂ©ressé  beaucoup. — Je vous remercie. — Et je suis revenu. — Ah ! — Oui, pour vous parler. Tous les faits que vous avez racontĂ©s sont-ils exacts ? — Absolument exacts. — Il n’en est pas un seul qui soit de votre invention ? — Pas un seul. — En ce cas j’aurais peut-ĂȘtre des renseignements Ă  vous fournir. — Je vous Ă©coute. — Non. — Comment, non ? — Avant de parler, il faut que je vĂ©rifie s’ils sont justes. — Et pour les vĂ©rifier ? — Il faut que je reste seul dans cette piĂšce. Je le regardai avec surprise. — Je ne vois pas trĂšs bien
 — C’est une idĂ©e que j’ai eue en lisant votre article. Certains dĂ©tails Ă©tablissent une coĂŻncidence vraiment extraordinaire avec une autre aventure que le hasard m’a rĂ©vĂ©lĂ©e. Si je me suis trompĂ©, il est prĂ©fĂ©rable que je garde le silence. Et l’unique moyen de le savoir, c’est que je reste seul
 Qu’y avait-il sous cette proposition ? Plus tard je me suis rappelĂ© qu’en la formulant l’homme avait un air inquiet, une expression de physionomie anxieuse. Mais, sur le moment, bien qu’un peu Ă©tonnĂ©, je ne trouvai rien de particuliĂšrement anormal Ă  sa demande. Et puis une telle curiositĂ© me stimulait ! Je rĂ©pondis — Soit. Combien vous faut-il de temps ? — Oh ! trois minutes, pas davantage. D’ici trois minutes, je vous rejoindrai. Je sortis de la piĂšce. En bas, je tirai ma montre. Une minute s’écoula. Deux minutes
 Pourquoi donc me sentais-je oppressĂ© ? Pourquoi ces instants me paraissaient-ils plus solennels que d’autres ? Deux minutes et demie
 Deux minutes trois quarts
 Et soudain un coup de feu retentit. En quelques enjambĂ©es j’escaladai les marches et j’entrai. Un cri d’horreur m’échappa. Au milieu de la salle l’homme gisait, immobile, couchĂ© sur le cĂŽtĂ© gauche. Du sang coulait de son crĂąne, mĂȘlĂ© Ă  des dĂ©bris de cervelle. PrĂšs de son poing, un revolver, tout fumant. Une convulsion l’agita, et ce fut tout. Mais plus encore que ce spectacle effroyable, quelque chose me frappa, quelque chose qui fit que je n’appelai pas au secours tout de suite, et que je ne me jetai point Ă  genoux pour voir si l’homme respirait. À deux pas de lui, par terre, il y avait un sept de cƓur ! Je le ramassai. Les sept extrĂ©mitĂ©s des sept marques rouges Ă©taient percĂ©es d’un trou
 ⁂ Une demi-heure aprĂšs, le commissaire de police de Neuilly arrivait, puis le mĂ©decin lĂ©giste, puis le chef de la SĂ»retĂ©, M. Dudouis. Je m’étais bien gardĂ© de toucher au cadavre. Rien ne put fausser les premiĂšres constatations. Elles furent brĂšves, d’autant plus brĂšves que tout d’abord on ne dĂ©couvrit rien, ou peu de chose. Dans les poches du mort aucun papier, sur ses vĂȘtements aucun nom, sur son linge aucune initiale. Somme toute, pas un indice capable d’établir son identitĂ©. Et dans la salle le mĂȘme ordre qu’auparavant. Les meubles n’avaient pas Ă©tĂ© dĂ©rangĂ©s, et les objets avaient gardĂ© leur ancienne position. Pourtant cet homme n’était pas venu chez moi dans l’unique intention de se tuer, et parce qu’il jugeait que mon domicile convenait mieux que tout autre Ă  son suicide ! Il fallait qu’un motif l’eĂ»t dĂ©terminĂ© Ă  cet acte de dĂ©sespoir, et que ce motif lui-mĂȘme rĂ©sultĂąt d’un fait nouveau, constatĂ© par lui au cours des trois minutes qu’il avait passĂ©es seul. Quel fait ? Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il surpris ? Quel secret Ă©pouvantable avait-il pĂ©nĂ©trĂ© ? Aucune supposition n’était permise. Mais, au dernier moment, un incident se produisit qui nous parut d’un intĂ©rĂȘt considĂ©rable. Comme deux agents se baissaient pour soulever le cadavre et l’emporter sur un brancard, ils s’aperçurent que la main gauche, fermĂ©e jusqu’alors et crispĂ©e, s’était dĂ©tendue, et qu’une carte de visite, toute froissĂ©e, s’en Ă©chappait. Cette carte portait Georges Andermatt, rue de Berry, 37. Qu’est-ce que cela signifiait ? Georges Andermatt Ă©tait un gros banquier de Paris, fondateur et prĂ©sident de ce Comptoir des mĂ©taux qui a donnĂ© une telle impulsion aux industries mĂ©tallurgiques de France. Il menait grand train, possĂ©dant mail-coach, automobiles, Ă©curie de course. Ses rĂ©unions Ă©taient trĂšs suivies et l’on citait Mme Andermatt pour sa grĂące et pour sa beautĂ©. — Serait-ce le nom du mort ? murmurai-je. Le chef de la SĂ»retĂ© se pencha. — Ce n’est pas lui. M. Andermatt est un homme pĂąle et un peu grisonnant. — Mais alors pourquoi cette carte ? — Vous avez le tĂ©lĂ©phone, Monsieur ? — Oui, dans le vestibule. Si vous voulez bien m’accompagner. Il chercha dans l’annuaire et demanda le — M. Andermatt est-il chez lui ? — Veuillez lui dire que M. Dudouis le prie de venir en toute hĂąte au 102 du boulevard Maillot. C’est urgent. Vingt minutes plus tard, M. Andermatt descendait de son automobile. On lui exposa les raisons qui nĂ©cessitaient son intervention, puis on le mena devant le cadavre. Il eut une seconde d’émotion qui contracta son visage, et prononça Ă  voix basse, comme s’il parlait malgrĂ© lui — Étienne Varin. — Vous le connaissiez ? — Non
 ou du moins oui
 mais de vue seulement. Son frĂšre
 — Il a un frĂšre ? — Oui, Alfred Varin
 Son frĂšre est venu autrefois me solliciter
 je ne sais plus Ă  quel propos
 — OĂč demeure-t-il ? — Les deux frĂšres demeuraient ensemble
 rue de Provence, je crois. — Et vous ne soupçonnez pas la raison pour laquelle celui-ci s’est tuĂ© ? — Nullement. — Cependant cette carte qu’il tenait dans sa main ?
 Votre carte avec votre adresse ! — Je n’y comprends rien. Ce n’est lĂ  Ă©videmment qu’un hasard que l’instruction nous expliquera. Un hasard en tout cas bien curieux, pensai-je et je sentis que nous Ă©prouvions tous la mĂȘme impression. Cette impression, je la retrouvai dans les journaux du lendemain, et chez tous ceux de mes amis avec qui je m’entretins de l’aventure. Au milieu des mystĂšres qui la compliquaient, aprĂšs la double dĂ©couverte, si dĂ©concertante, de ce sept de cƓur sept fois percĂ©, aprĂšs les deux Ă©vĂ©nements aussi Ă©nigmatiques l’un que l’autre dont ma demeure avait Ă©tĂ© le théùtre, cette carte de visite semblait enfin promettre un peu de lumiĂšre. Par elle on arriverait Ă  la vĂ©ritĂ©. Mais, contrairement aux prĂ©visions, M. Andermatt ne fournit aucune indication. — J’ai dit ce que je savais, rĂ©pĂ©tait-il. Que veut-on de plus ? Je suis le premier stupĂ©fait que cette carte ait Ă©tĂ© trouvĂ©e lĂ , et j’attends comme tout le monde que ce point soit Ă©clairci. Il ne le fut pas. L’enquĂȘte Ă©tablit que les frĂšres Varin, Suisses d’origine, avaient menĂ© sous des noms diffĂ©rents une vie fort mouvementĂ©e, frĂ©quentant les tripots, en relations avec toute une bande d’étrangers dont la police s’occupait, et qui s’était dispersĂ©e aprĂšs une sĂ©rie de cambriolages auxquels leur participation ne fut Ă©tablie que par la suite. Au numĂ©ro 24 de la rue de Provence oĂč les frĂšres Varin avaient en effet habitĂ© six ans auparavant, on ignorait ce qu’ils Ă©taient devenus. Je confesse que, pour ma part, cette affaire me semblait si embrouillĂ©e que je ne croyais guĂšre Ă  la possibilitĂ© d’une solution, et que je m’efforçais de n’y plus songer. Mais Jean Daspry, au contraire, que je vis beaucoup Ă  cette Ă©poque, se passionnait chaque jour davantage. Ce fut lui qui me signala cet Ă©cho d’un journal Ă©tranger que toute la presse reproduisait et commentait On va procĂ©der en prĂ©sence de l’empereur, et dans un lieu que l’on tiendra secret jusqu’à la derniĂšre minute, aux premiers essais d’un sous-marin qui doit rĂ©volutionner les conditions futures de la guerre navale. Une indiscrĂ©tion nous en a rĂ©vĂ©lĂ© le nom il s’appelle Le Sept-de-cƓur. » Le Sept de cƓur ! Ă©tait-ce lĂ  rencontre fortuite ? ou bien devait-on Ă©tablir un lien entre le nom de ce sous-marin et les incidents dont nous avons parlĂ© ? Mais un lien de quelle nature ? Ce qui se passait ici ne pouvait aucunement se relier Ă  ce qui se passait lĂ -bas. — Qu’en savez-vous ? me disait Daspry. Les effets les plus disparates proviennent souvent d’une cause unique. Le surlendemain, un autre Ă©cho nous arrivait On prĂ©tend que les plans du Sept-de-cƓur, le sous-marin dont les expĂ©riences vont avoir lieu incessamment, ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s par des ingĂ©nieurs français. Ces ingĂ©nieurs, ayant sollicitĂ© en vain l’appui de leurs compatriotes, se seraient adressĂ©s ensuite, sans plus de succĂšs, Ă  l’AmirautĂ© anglaise. Nous donnons ces nouvelles sous toute rĂ©serve. » Je n’ose pas trop insister sur des faits de nature extrĂȘmement dĂ©licate, et qui provoquĂšrent, on s’en souvient, une Ă©motion si considĂ©rable. Cependant, puisque tout danger de complication est Ă©cartĂ©, il me faut bien parler de l’article de l’Écho de France, qui fit alors tant de bruit, et qui jeta sur l’affaire du Sept de cƓur, comme on l’appelait, quelques clartĂ©s
 confuses. Le voici, tel qu’il parut sous la signature de Salvator L’affaire du Sept-de-cƓur. Un coin du voile soulevĂ©. Nous serons brefs. Il y a dix ans, un jeune ingĂ©nieur des mines, Louis Lacombe, dĂ©sireux de consacrer son temps et sa fortune aux Ă©tudes qu’il poursuivait, donna sa dĂ©mission, et loua, au numĂ©ro 102 du boulevard Maillot, un petit hĂŽtel qu’un comte italien avait fait rĂ©cemment construire et dĂ©corer. Par l’intermĂ©diaire de deux individus, les frĂšres Varin, de Lausanne, dont l’un l’assistait dans ses expĂ©riences comme prĂ©parateur, et dont l’autre lui cherchait des commanditaires, il entra en relations avec H. Georges Andermatt, qui venait de fonder le Comptoir des MĂ©taux. AprĂšs plusieurs entrevues, il parvint Ă  l’intĂ©resser Ă  un projet de sous-marin auquel il travaillait, et il fut entendu que, dĂšs la mise au point dĂ©finitive de l’invention, M. Andermatt userait de son influence pour obtenir du ministĂšre de la marine une sĂ©rie d’essais. Durant deux annĂ©es, Louis Lacombe frĂ©quenta assidĂ»ment l’hĂŽtel Andermatt et soumit au banquier les perfectionnements qu’il apportait Ă  son projet, jusqu’au jour oĂč, satisfait lui-mĂȘme de son travail, ayant trouvĂ© la formule dĂ©finitive qu’il cherchait, il pria M. Andermatt de se mettre en campagne. Ce jour-lĂ , Louis Lacombe dĂźna chez les Andermatt. Il s’en alla, le soir, vers onze heures et demie. Depuis on ne l’a plus revu. En relisant les journaux de l’époque, on verrait que la famille du jeune homme saisit la justice et que le parquet s’inquiĂ©ta. Mais on n’aboutit Ă  aucune certitude, et gĂ©nĂ©ralement il fut admis que Louis Lacombe, qui passait pour un garçon original et fantasque, Ă©tait parti en voyage sans prĂ©venir personne. Acceptons cette hypothĂšse
 invraisemblable. Mais une question se pose, capitale pour notre pays que sont devenus les plans du sous-marin ? Louis Lacombe les a-t-il emportĂ©s ? Sont-ils dĂ©truits ? De l’enquĂȘte trĂšs sĂ©rieuse Ă  laquelle nous nous sommes livrĂ©s, il rĂ©sulte que ces plans existent. Les frĂšres Varin les ont eus entre les mains. Comment ? Nous n’avons encore pu l’établir, de mĂȘme que nous ne savons pas pourquoi ils n’ont pas essayĂ© plus tĂŽt de les vendre. Craignaient-ils qu’on ne leur demandĂąt comment ils les avaient en leur possession ? En tout cas cette crainte n’a pas persistĂ©, et nous pouvons en toute certitude affirmer ceci les plans de Louis Lacombe sont la propriĂ©tĂ© d’une puissance Ă©trangĂšre, et nous sommes en mesure de publier la correspondance Ă©changĂ©e Ă  ce propos entre les frĂšres Varin et le reprĂ©sentant de cette puissance. Actuellement le Sept-de-cƓur imaginĂ© par Louis Lacombe est rĂ©alisĂ© par nos voisins. La rĂ©alitĂ© rĂ©pondra-t-elle aux prĂ©visions optimistes de ceux qui ont Ă©tĂ© mĂȘlĂ©s Ă  cette trahison ? Nous avons, pour espĂ©rer le contraire, des raisons que l’évĂ©nement, nous voudrions le croire, ne trompera point. » Et un post-scriptum ajoutait DerniĂšre heure. — Nous espĂ©rions Ă  juste titre. Nos informations particuliĂšres nous permettent d’annoncer que les essais du Sept-de-cƓur n’ont pas Ă©tĂ© satisfaisants. Il est assez probable qu’aux plans livrĂ©s par les frĂšres Varin, il manquait le dernier document apportĂ© par Louis Lacombe Ă  M. Andermatt le soir de sa disparition, document indispensable Ă  la comprĂ©hension totale du projet, sorte de rĂ©sumĂ© oĂč l’on retrouve les conclusions dĂ©finitives, les Ă©valuations et les mesures contenues dans les autres papiers. Sans ce document les plans sont imparfaits ; de mĂȘme que, sans les plans, le document est inutile. Donc il est encore temps d’agir et de reprendre ce qui nous appartient. Pour cette besogne fort difficile, nous comptons beaucoup sur l’assistance de M. Andermatt. Il aura Ă  cƓur d’expliquer la conduite inexplicable qu’il a tenue depuis le dĂ©but. Il dira non seulement pourquoi il n’a pas racontĂ© ce qu’il savait au moment du suicide d’Étienne Varin, mais aussi pourquoi il n’a jamais rĂ©vĂ©lĂ© la disparition des papiers dont il avait connaissance. Il dira pourquoi, depuis six ans, il fait surveiller les frĂšres Varin par des agents Ă  sa solde. Nous attendons de lui, non point des paroles, mais des actes. Sinon
 » La menace Ă©tait brutale. Mais en quoi consistait-elle ? Quel moyen d’intimidation Salvator, l’auteur
 anonyme de l’article, possĂ©dait-il sur M. Andermatt ? Une nuĂ©e de reporters assaillit le banquier, et dix interviews exprimĂšrent le dĂ©dain avec lequel il rĂ©pondit Ă  cette mise en demeure. Sur quoi, le correspondant de l’Écho de France riposta par ces trois lignes Que M. Andermatt le veuille ou non, il est dĂšs Ă  prĂ©sent notre collaborateur dans l’Ɠuvre que nous entreprenons. » ⁂ Le jour oĂč parut cette rĂ©plique, Daspry et moi nous dĂźnĂąmes ensemble. Le soir, les journaux Ă©talĂ©s sur ma table, nous discutions l’affaire et l’examinions sous toutes ses faces avec cette irritation que l’on Ă©prouverait Ă  marcher indĂ©finiment dans l’ombre et Ă  toujours se heurter aux mĂȘmes obstacles. Et soudain, sans que mon domestique m’eĂ»t averti, sans que le timbre eĂ»t rĂ©sonnĂ©, la porte s’ouvrit et une dame entra, couverte d’un voile Ă©pais. Je me levai aussitĂŽt et m’avançai. Elle me dit — C’est vous, Monsieur, qui demeurez ici ? — Oui, Madame, mais je vous avoue
 — La grille sur le boulevard n’était pas fermĂ©e, expliqua-t-elle. — Mais la porte du vestibule ? Elle ne rĂ©pondit pas, et je songeai qu’elle avait dĂ» faire le tour par l’escalier de service. Elle connaissait donc le chemin ? Il y eut un silence un peu embarrassĂ©. Elle regarda Daspry. MalgrĂ© moi, comme j’eusse fait dans un salon, je le prĂ©sentai. Puis je la priai de s’asseoir et de m’exposer le but de sa visite. Elle enleva son voile et je vis qu’elle Ă©tait brune, de visage rĂ©gulier, et, sinon trĂšs belle, du moins d’un charme infini, qui provenait de ses yeux surtout, des yeux graves et douloureux. Elle dit simplement — Je suis Mme Andermatt. — Madame Andermatt ! rĂ©pĂ©tai-je, de plus en plus Ă©tonnĂ©. Un nouveau silence. Et elle reprit d’une voix calme, et de l’air le plus tranquille — Je viens au sujet de cette affaire
 que vous savez. J’ai pensĂ© que je pourrais peut-ĂȘtre avoir auprĂšs de vous quelques renseignements
 — Mon Dieu, Madame, je n’en connais pas plus que ce qu’en ont dit les journaux. Veuillez prĂ©ciser en quoi je puis vous ĂȘtre utile. — Je ne sais pas
 Je ne sais pas
 Seulement alors j’eus l’intuition que son calme Ă©tait factice, et que, sous cet air de sĂ©curitĂ© parfaite, se cachait un grand trouble. Et nous nous tĂ»mes, aussi gĂȘnĂ©s l’un que l’autre. Mais Daspry, qui n’avait pas cessĂ© de l’observer, s’approcha et lui dit — Voulez-vous me permettre, Madame, de vous poser quelques questions ? — Oh ! oui, s’écria-t-elle, comme cela je parlerai. — Vous parlerez
 quelles que soient ces questions ? — Quelles qu’elles soient. Il rĂ©flĂ©chit et prononça — Vous connaissiez Louis Lacombe ? — Oui, par mon mari. — Quand l’avez-vous vu pour la derniĂšre fois ? — Le soir oĂč il a dĂźnĂ© chez nous. — Ce soir-lĂ , rien n’a pu vous donner Ă  penser que vous ne le verriez plus ? — Non. Il avait bien fait allusion Ă  un voyage en Russie, mais si vaguement ! — Vous comptiez donc le revoir ? — Le surlendemain, Ă  dĂźner. — Et comment expliquez-vous cette disparition ? — Je ne l’explique pas. — Et M. Andermatt ? — Je l’ignore. — Cependant
 — Ne m’interrogez pas lĂ -dessus. — L’article de l’Écho de France semble dire
 — Ce qu’il semble dire, c’est que les frĂšres Varin ne sont pas Ă©trangers Ă  cette disparition. — Est-ce votre avis ? — Oui. — Sur quoi repose votre conviction ? — En nous quittant, Louis Lacombe portait une serviette qui contenait tous les papiers relatifs Ă  son projet. Deux jours aprĂšs, il y a eu entre mon mari et l’un des frĂšres Varin, celui qui vit, une entrevue au cours de laquelle mon mari acquĂ©rait la preuve que ces papiers Ă©taient aux mains des deux frĂšres. — Et il ne les a pas dĂ©noncĂ©s ? — Non. — Pourquoi ? — Parce que, dans la serviette, se trouvait autre chose que les papiers de Louis Lacombe. — Quoi ? Elle hĂ©sita, fut sur le point de rĂ©pondre, puis, finalement, garda le silence. Daspry continua — VoilĂ  donc la cause pour laquelle votre mari, sans avertir la police, faisait surveiller les deux frĂšres. Il espĂ©rait Ă  la fois reprendre les papiers et cette chose
 compromettante grĂące Ă  laquelle les deux frĂšres exerçaient sur lui une sorte de chantage. — Sur lui
 et sur moi. — Ah ! sur vous aussi ? — Sur moi principalement. Elle articula ces trois mots d’une voix sourde. Daspry l’observa, fit quelques pas, et revenant Ă  elle — Vous avez Ă©crit Ă  Louis Lacombe ? — Certes
 mon mari Ă©tait en relations
 — En dehors de ces lettres officielles, n’avez-vous pas Ă©crit Ă  Louis Lacombe
 d’autre lettres. Excusez mon insistance, mais il est indispensable que je sache toute la vĂ©ritĂ©. Avez-vous Ă©crit d’autres lettres ? Toute rougissante, elle murmura — Oui. — Et ce sont ces lettres que possĂ©daient les frĂšres Varin ? — Oui. — M. Andermatt le sait donc ? — Il ne les a pas vues, mais Alfred Varin lui en a rĂ©vĂ©lĂ© l’existence, le menaçant de les publier si mon mari agissait contre eux. Mon mari a eu peur
 il a reculĂ© devant le scandale. — Seulement, il a tout mis en Ɠuvre pour leur arracher ces lettres. — Il a tout mis en Ɠuvre
 du moins, je le suppose, car, Ă  partir de cette derniĂšre entrevue avec Alfred Varin, et aprĂšs les quelques mots trĂšs violents par lesquels il m’en rendit compte, il n’y a plus eu entre mon mari et moi aucune intimitĂ©, aucune confiance. Nous vivons comme deux Ă©trangers. — En ce cas, si vous n’avez rien Ă  perdre, que craignez-vous ? — Si indiffĂ©rente que je lui sois devenue, je suis celle qu’il a aimĂ©e, celle qu’il aurait encore pu aimer ; — oh ! cela, j’en suis certaine, murmura-t-elle d’une voix ardente, il m’aurait encore aimĂ©e, s’il ne s’était pas emparĂ© de ces maudites lettres
 — Comment ! il aurait rĂ©ussi
 Mais les deux frĂšres se dĂ©fiaient cependant ? — Oui, et ils se vantaient mĂȘme, paraĂźt-il, d’avoir une cachette sĂ»re. — Alors ?
 — J’ai tout lieu de croire que mon mari a dĂ©couvert cette cachette ! — Allons donc ! oĂč se trouvait-elle ? — Ici. Je tressautai. — Ici ! — Oui, et je l’avais toujours soupçonnĂ©. Louis Lacombe, trĂšs ingĂ©nieux, passionnĂ© de mĂ©canique, s’amusait, Ă  ses heures perdues, Ă  confectionner des coffres et des serrures. Les frĂšres Varin ont dĂ» surprendre et, par la suite, utiliser une de ces cachettes pour dissimuler les lettres
 et d’autres choses aussi sans doute. — Mais ils n’habitaient pas ici, m’écriai-je. — Jusqu’à votre arrivĂ©e, il y a quatre mois, ce pavillon est restĂ© inoccupĂ©. Il est donc probable qu’ils y revenaient, et ils ont pensĂ© en outre que votre prĂ©sence ne les gĂȘnerait pas le jour oĂč ils auraient besoin de retirer tous leurs papiers. Mais ils comptaient sans mon mari qui, dans la nuit du 22 au 23 juin, a forcĂ© le coffre, a pris
 ce qu’il cherchait, et a laissĂ© sa carte pour bien montrer aux deux frĂšres qu’il n’avait plus Ă  les redouter et que les rĂŽles changeaient. Deux jours plus tard, averti par l’article du Gil Blas, Étienne Varin se prĂ©sentait chez vous en toute hĂąte, restait seul dans ce salon, trouvait le coffre vide
 et se tuait. AprĂšs un instant, Daspry demanda — C’est une simple supposition, n’est-ce pas ? M. Andermatt ne vous a rien dit ? — Non. — Son attitude vis-Ă -vis de vous ne s’est pas modifiĂ©e ? Il ne vous a pas paru plus sombre, plus soucieux ? — Non. — Et vous croyez qu’il en serait ainsi s’il avait trouvĂ© les lettres ! Pour moi il ne les a pas. Pour moi, ce n’est pas lui qui est entrĂ© ici. — Mais qui alors ? — Le personnage mystĂ©rieux qui conduit cette affaire, qui en tient tous les fils, et qui la dirige vers un but que nous ne faisons qu’entrevoir Ă  travers tant de complications, le personnage mystĂ©rieux dont on sent l’action visible et toute-puissante depuis la premiĂšre heure. C’est lui et ses amis qui sont entrĂ©s dans cet hĂŽtel le 22 juin, c’est lui qui a dĂ©couvert la cachette, c’est lui qui a laissĂ© la carte de M. Andermatt, c’est lui qui dĂ©tient la correspondance et les preuves de la trahison des frĂšres Varin. — Qui, lui ? interrompis-je, non sans impatience. — Le correspondant de l’Écho de France, parbleu, ce Salvator ! N’est-ce pas d’une Ă©vidence aveuglante ? Ne donne-t-il pas dans son article des dĂ©tails que, seul, peut connaĂźtre l’homme qui a pĂ©nĂ©trĂ© les secrets des deux frĂšres ? — En ce cas, balbutia Mme Andermatt, avec effroi, il a mes lettres Ă©galement, et c’est lui Ă  son tour qui menace mon mari ! Que faire, mon Dieu ! — Lui Ă©crire, dĂ©clara nettement Daspry, se confier Ă  lui sans dĂ©tours ; lui raconter tout ce que vous savez et tout ce que vous pouvez apprendre. — Que dites-vous ! — Votre intĂ©rĂȘt est le mĂȘme que le sien. Il est hors de doute qu’il agit contre le survivant des deux frĂšres. Ce n’est pas contre M. Andermatt qu’il cherche des armes, mais contre Alfred Varin. Aidez-le. — Comment ? — Votre mari a-t-il ce document qui complĂšte et qui permet d’utiliser les plans de Louis Lacombe ? — Oui. — PrĂ©venez-en Salvator. Au besoin, tĂąchez de lui procurer ce document. Bref, entrez en correspondance avec lui. Que risquez-vous ? Le conseil Ă©tait hardi, dangereux mĂȘme Ă  premiĂšre vue, mais Mme Andermatt n’avait guĂšre le choix. Aussi bien, comme disait Daspry, que risquait-elle ? Si l’inconnu Ă©tait un ennemi, cette dĂ©marche n’aggravait pas la situation. Si c’était un Ă©tranger qui poursuivait un but particulier, il devait n’attacher Ă  ces lettres qu’une importance secondaire. Quoi qu’il en soit, il y avait lĂ  une idĂ©e, et Mme Andermatt, dans son dĂ©sarroi, fut trop heureuse de s’y rallier. Elle nous remercia avec effusion, et promit de nous tenir au courant. Le surlendemain, en effet, elle nous envoyait ce mot qu’elle avait reçu en rĂ©ponse Les lettres ne s’y trouvaient pas. Mais je les aurai, soyez tranquille. Je veille Ă  tout. S. » Je pris le papier. C’était l’écriture du billet que l’on avait introduit dans mon livre de chevet, le soir du 22 juin. Daspry avait donc raison, Salvator Ă©tait bien le grand organisateur de cette affaire. ⁂ En vĂ©ritĂ©, nous commencions Ă  discerner quelques lueurs parmi les tĂ©nĂšbres qui nous environnaient et certains points s’éclairaient d’une lumiĂšre inattendue. Mais que d’autres restaient obscurs, comme la dĂ©couverte des deux sept de cƓur ! Pour ma part, j’en revenais toujours lĂ , plus intriguĂ© peut-ĂȘtre qu’il n’eĂ»t fallu par ces deux cartes dont les sept petites figures transpercĂ©es avaient frappĂ© mes yeux en de si troublantes circonstances. Quel rĂŽle jouaient-elles dans le drame ? Quelle importance devait-on leur attribuer ? Quelle conclusion devait-on tirer de ce fait que le sous-marin construit sur les plans de Louis Lacombe portait le nom de Sept-de-cƓur ? Daspry, lui, s’occupait peu des deux cartes, tout entier Ă  l’étude d’un autre problĂšme dont la solution lui semblait plus urgente il cherchait inlassablement la fameuse cachette. — Et qui sait, disait-il, si je n’y trouverais point les lettres que Salvator n’y a pas trouvĂ©es
 par inadvertance peut-ĂȘtre. Il est si peu croyable que les frĂšres Varin aient enlevĂ© d’un endroit qu’ils supposaient inaccessible, l’arme dont ils savaient la valeur inapprĂ©ciable. Et il cherchait. La grande salle n’ayant bientĂŽt plus de secrets pour lui, il Ă©tendait ses investigations Ă  toutes les autres piĂšces du pavillon il scruta l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, il examina les pierres et les briques des murailles, il souleva les ardoises du toit. Un jour, il arriva avec une pioche et une pelle, me donna la pelle, garda la pioche et, dĂ©signant le terrain vague — Allons-y. Je le suivis sans enthousiasme. Il divisa le terrain en plusieurs sections qu’il inspecta successivement. Mais, dans un coin, Ă  l’angle que formaient les murs de deux propriĂ©tĂ©s voisines, un amoncellement de moellons et de cailloux, recouverts de ronces et d’herbes, attira son attention. Il l’attaqua. Je dus l’aider. Durant une heure, en plein soleil, nous peinĂąmes inutilement. Mais lorsque, sous les pierres Ă©cartĂ©es, nous parvĂźnmes au sol lui-mĂȘme, et que nous l’eĂ»mes Ă©ventrĂ©, la pioche de Daspry mit Ă  nu des ossements, un reste de squelette autour duquel s’effiloquaient encore des bribes de vĂȘtements. Et soudain je me sentis pĂąlir. J’apercevais fichĂ©e en terre une petite plaque de fer, dĂ©coupĂ©e en forme de rectangle et oĂč il me semblait distinguer des taches rouges. Je me baissai. C’était bien cela la plaque avait les dimensions d’une carte Ă  jouer, et les taches rouges, d’un rouge de minium rongĂ© par places, Ă©taient au nombre de sept, disposĂ©es comme les sept points d’un sept de cƓur, et percĂ©es d’un trou Ă  chacune des sept extrĂ©mitĂ©s. — Écoutez, Daspry, j’en ai assez de toutes ces histoires. Tant mieux pour vous si elles vous intĂ©ressent. Moi, je vous fausse compagnie. Était-ce l’émotion ? Était-ce la fatigue d’un travail exĂ©cutĂ© sous un soleil trop rude, toujours est-il que je chancelai en m’en allant, et que je dus me mettre au lit oĂč je restai quarante-huit heures, fiĂ©vreux et brĂ»lant, obsĂ©dĂ© par des squelettes qui dansaient autour de moi et se jetaient Ă  la tĂȘte leurs cƓurs sanguinolents. Daspry me fut fidĂšle. Chaque jour il m’accorda trois ou quatre heures, qu’il passa, il est vrai, dans la grande salle, Ă  fureter, cogner, et tapoter. — Les lettres sont lĂ , dans cette piĂšce, venait-il me dire de temps Ă  autre, elles sont lĂ . J’en mettrais ma main au feu. — Laissez-moi la paix, rĂ©pondais-je horripilĂ©. Le matin du troisiĂšme jour, je me levai assez faible encore, mais guĂ©ri. Un dĂ©jeuner substantiel me rĂ©conforta. Mais un petit bleu que je reçus vers cinq heures contribua, plus que tout, Ă  mon complet rĂ©tablissement, tellement ma curiositĂ© fut, de nouveau et malgrĂ© tout, piquĂ©e au vif. Le pneumatique contenait ces mots Monsieur, Le drame dont le premier acte s’est passĂ© dans la nuit du 22 au 23 juin, touche Ă  son dĂ©nouement. La force mĂȘme des choses exigeant que je mette en prĂ©sence l’un de l’autre les deux principaux personnages de ce drame et que cette confrontation ait lieu chez vous, je vous serais infiniment reconnaissant de me prĂȘter votre domicile pour la soirĂ©e d’aujourd’hui. Il serait bon que, de neuf heures Ă  onze heures, votre domestique fĂ»t Ă©loignĂ©, et prĂ©fĂ©rable que vous-mĂȘme eussiez l’extrĂȘme obligeance de bien vouloir laisser le champ libre aux adversaires. Vous avez pu vous rendre compte, dans la nuit du 22 au 23 juin, que je poussais jusqu’au scrupule le respect de tout ce qui vous appartient. De mon cĂŽtĂ©, je croirais vous faire injure si je doutais un seul instant de votre absolue discrĂ©tion Ă  l’égard de celui qui signe Votre dĂ©vouĂ©, Salvator. » Il y avait dans cette missive un ton d’ironie courtoise, et, dans la demande qu’elle exprimait, une si jolie fantaisie, que je me dĂ©lectai. C’était d’une dĂ©sinvolture charmante, et mon correspondant semblait tellement sĂ»r de mon acquiescement ! Pour rien au monde je n’eusse voulu le dĂ©cevoir ou rĂ©pondre Ă  sa confiance par de l’ingratitude. À huit heures, mon domestique, Ă  qui j’avais offert une place de théùtre, venait de sortir quand Daspry arriva. Je lui montrai le petit bleu. — Eh bien ? me dit-il. — Eh bien, je laisse la grille du jardin ouverte, afin que l’on puisse entrer. — Et vous vous en allez ? — Jamais de la vie ! — Mais puisqu’on vous demande
 — On me demande la discrĂ©tion. Je serai discret. Mais je tiens furieusement Ă  voir ce qui va se passer. Daspry se mit Ă  rire. — Ma foi, vous avez raison, et je reste aussi. J’ai idĂ©e qu’on ne s’ennuiera pas. Un coup de timbre l’interrompit. — Eux dĂ©jĂ  ? murmura-t-il, et vingt minutes en avance ! Impossible. Du vestibule, je tirai le cordon qui ouvrait la grille. Une silhouette de femme traversa le jardin Mme Andermatt. Elle paraissait bouleversĂ©e, et c’est en suffoquant qu’elle balbutia — Mon mari
 il vient
 il a rendez-vous
 on doit lui donner les lettres
 — Comment le savez-vous ? lui dis-je. — Un hasard. Un mot que mon mari a reçu pendant le dĂźner. — Un petit bleu ? — Un message tĂ©lĂ©phonique. Le domestique me l’a remis par erreur. Mon mari l’a pris aussitĂŽt, mais il Ă©tait trop tard
 j’avais lu. — Vous aviez lu
 — Ceci Ă  peu prĂšs À neuf heures, ce soir, soyez au boulevard Maillot avec les documents qui concernent l’affaire. En Ă©change, les lettres. » AprĂšs le dĂźner, je suis remontĂ©e chez moi et je suis sortie. — À l’insu de M. Andermatt ? — Oui. Daspry me regarda. — Qu’en pensez-vous ? — Je pense ce que vous pensez, que M. Andermatt est un des adversaires convoquĂ©s. — Par qui ? et dans quel but ? — C’est prĂ©cisĂ©ment ce que nous allons savoir. Je les conduisis dans la grande salle. Nous pouvions Ă  la rigueur tenir tous les trois sous le manteau de la cheminĂ©e, et nous dissimuler derriĂšre la tenture de velours. Nous nous installĂąmes. Mme Andermatt s’assit entre nous deux. Par les fentes du rideau la piĂšce entiĂšre nous apparaissait. Neuf heures sonnĂšrent. Quelques minutes plus tard la grille du jardin grinça sur ses gonds. J’avoue que je n’étais pas sans Ă©prouver une certaine angoisse et qu’une fiĂšvre nouvelle me surexcitait. J’étais sur le point de connaĂźtre le mot de l’énigme ! L’aventure dĂ©concertante dont les pĂ©ripĂ©ties se dĂ©roulaient devant moi depuis des semaines, allait enfin prendre son vĂ©ritable sens, et c’est sous mes yeux que la bataille allait se livrer. Daspry saisit la main de Mme Andermatt et murmura — Surtout, pas un mouvement ! Quoi que vous entendiez ou voyiez, restez impassible. Quelqu’un entra. Et je reconnus tout de suite, Ă  sa grande ressemblance avec Étienne Varin, son frĂšre Alfred. MĂȘme dĂ©marche lourde, mĂȘme visage terreux envahi par la barbe. Il entra de l’air inquiet d’un homme qui a l’habitude de craindre des embĂ»ches autour de lui, qui les flaire et les Ă©vite. D’un coup d’Ɠil il embrassa la piĂšce, et j’eus l’impression que cette cheminĂ©e masquĂ©e par une portiĂšre de velours lui Ă©tait dĂ©sagrĂ©able. Il fit trois pas de notre cĂŽtĂ©. Mais une idĂ©e, plus impĂ©rieuse sans doute, le dĂ©tourna, car il obliqua vers le mur, s’arrĂȘta devant le vieux roi de mosaĂŻque, Ă  la barbe fleurie, au glaive flamboyant, et l’examina longuement, montant sur une chaise, suivant du doigt le contour des Ă©paules et de la figure, et palpant certaines parties de l’image. Mais brusquement il sauta de sa chaise et s’éloigna du mur. Un bruit de pas retentissait. Sur le seuil apparut M. Andermatt. Le banquier jeta un cri de surprise. — Vous ! Vous ! C’est vous qui m’avez appelĂ© ? — Moi ? mais pas du tout, protesta Varin d’une voix cassĂ©e qui me rappela celle de son frĂšre, c’est votre lettre qui m’a fait venir. — Ma lettre ! — Une lettre signĂ©e de vous, oĂč vous m’offrez
 — Je ne vous ai pas Ă©crit. — Vous ne m’avez pas Ă©crit ! Instinctivement Varin se mit en garde, non point contre le banquier, mais contre l’ennemi inconnu qui l’avait attirĂ© dans ce piĂšge. Une seconde fois ses yeux se tournĂšrent de notre cĂŽtĂ©, et, rapidement, il se dirigea vers la porte. M. Andermatt lui barra le passage. — Que faites-vous donc, Varin ? — Il y a lĂ -dessous des machines qui ne me plaisent pas. Je m’en vais. Bonsoir. — Un instant ! — Voyons, Monsieur Andermatt, n’insistez pas, nous n’avons rien Ă  nous dire. — Nous avons beaucoup Ă  nous dire et l’occasion est trop bonne
 — Laissez-moi passer. — Non, non, non, vous ne passerez pas. Varin recula, intimidĂ© par l’attitude rĂ©solue du banquier, et il mĂąchonna — Alors, vite, causons, et que ce soit fini ! Une chose m’étonnait, et je ne doutais pas que mes deux compagnons n’éprouvassent la mĂȘme dĂ©ception. Comment se pouvait-il que Salvator ne fĂ»t pas lĂ  ? N’entrait-il pas dans ses projets d’intervenir ? et la seule confrontation du banquier et de Varin lui semblait-elle suffisante ? J’étais singuliĂšrement troublĂ©. Du fait de son absence, ce duel, combinĂ© par lui, voulu par lui, prenait l’allure tragique des Ă©vĂ©nements que suscite et commande l’ordre rigoureux du destin, et la force qui heurtait l’un Ă  l’autre ces deux hommes impressionnait d’autant plus qu’elle rĂ©sidait en dehors d’eux. AprĂšs un moment, M. Andermatt s’approcha de Varin et, bien en face, les yeux dans les yeux — Maintenant que des annĂ©es se sont Ă©coulĂ©es, et que vous n’avez plus rien Ă  redouter, rĂ©pondez-moi franchement, Varin. Qu’avez-vous fait de Louis Lacombe ? — En voilĂ  une question ! Comme si je pouvais savoir ce qu’il est devenu ! — Vous le savez ! Vous le savez ! Votre frĂšre et vous, vous Ă©tiez attachĂ©s Ă  ses pas, vous viviez presque chez lui, dans la maison mĂȘme oĂč nous sommes. Vous Ă©tiez au courant de tous ses travaux, de tous ses projets. Et le dernier soir, Varin, quand j’ai reconduit Louis Lacombe jusqu’à ma porte, j’ai vu deux silhouettes qui se dĂ©robaient dans l’ombre. Cela, je suis prĂȘt Ă  le jurer. — Et aprĂšs, quand vous l’aurez jurĂ© ? — C’était votre frĂšre et vous, Varin. — Prouvez-le. — Mais la meilleure preuve, c’est que, deux jours plus tard, vous me montriez vous-mĂȘme les papiers et les plans que vous aviez recueillis dans la serviette de Lacombe, et que vous me proposiez de me les vendre. Comment ces papiers Ă©taient-ils en votre possession ? — Je vous l’ai dit, Monsieur Andermatt, nous les avons trouvĂ©s sur la table mĂȘme de Louis Lacombe le lendemain matin, aprĂšs sa disparition. — Ce n’est pas vrai. — Prouvez-le. — La justice aurait pu le prouver. — Pourquoi ne vous ĂȘtes-vous pas adressĂ© Ă  la justice ? — Pourquoi ? Ah ! pourquoi
 Il se tut, le visage sombre. Et l’autre reprit — Voyez-vous, Monsieur Andermatt, si vous aviez eu la moindre certitude, ce n’est pas la petite menace que nous vous avons faite qui eĂ»t empĂȘché  — Quelle menace ? Ces lettres ? Est-ce que vous vous imaginez que j’aie jamais cru un instant ?
 — Si vous n’avez pas cru Ă  ces lettres, pourquoi m’avez-vous offert des mille et des cents pour les ravoir ? Et pourquoi, depuis, nous avez-vous fait traquer comme des bĂȘtes, mon frĂšre et moi ? — Pour reprendre des plans auxquels je tenais. — Allons donc ! c’était pour les lettres. Une fois en possession des lettres, vous nous dĂ©nonciez. Plus souvent que je m’en serais dessaisi ! Il eut un Ă©clat de rire qu’il interrompit tout d’un coup. — Mais en voilĂ  assez. Nous aurons beau rĂ©pĂ©ter les mĂȘmes paroles, que nous n’en serons pas plus avancĂ©s. Par consĂ©quent nous en resterons lĂ . — Nous n’en resterons pas lĂ , dit le banquier, et puisque vous avez parlĂ© des lettres, vous ne sortirez pas d’ici avant de me les avoir rendues. — Je sortirai. — Non, non. — Écoutez, Monsieur Andermatt, je vous conseille
 — Vous ne sortirez pas. — C’est ce que nous verrons, dit Varin avec un tel accent de rage que Mme Andermatt Ă©touffa un faible cri. Il dut l’entendre, car il voulut passer de force. M. Andermatt le repoussa violemment. Alors je le vis qui glissait sa main dans la poche de son veston. — Une derniĂšre fois ! — Les lettres d’abord. Varin tira un revolver et visant M. Andermatt — Oui, ou non ? Le banquier se baissa vivement. Un coup de feu jaillit. L’arme tomba. Je fus stupĂ©fait. C’était prĂšs de moi que le coup de feu avait jailli ! Et c’était Daspry qui, d’une balle de pistolet, avait fait sauter l’arme de la main d’Alfred Varin ! Et dressĂ© subitement entre les deux adversaires, face Ă  Varin, il ricanait — Vous avez de la veine, mon ami, une rude veine. C’est la main que je visais, et c’est le revolver que j’atteins. Tous deux le contemplaient, immobiles et confondus. Il dit au banquier — Vous m’excuserez, monsieur, de me mĂȘler de ce qui ne me regarde pas. Mais vraiment vous jouez votre partie avec trop de maladresse. Permettez-moi de tenir les cartes. Se tournant vers l’autre — À nous deux, camarade. Et rondement, je t’en prie. L’atout est cƓur, et je joue le sept. Et, Ă  trois pouces du nez, il lui colla la plaque de fer oĂč les sept points rouges Ă©taient marquĂ©s. Jamais il ne m’a Ă©tĂ© donnĂ© de voir un tel bouleversement. Livide, les yeux Ă©carquillĂ©s, les traits tordus d’angoisse, l’homme semblait hypnotisĂ© par l’image qui s’offrait Ă  lui. — Qui ĂȘtes-vous ? balbutia-t-il. — Je l’ai dĂ©jĂ  dit, un monsieur qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas
 mais qui s’en occupe Ă  fond. — Que voulez-vous ? — Tout ce que tu as apportĂ©. — Je n’ai rien apportĂ©. — Si, sans quoi, tu ne serais pas venu. Tu as reçu ce matin un mot te convoquant ici pour neuf heures, et t’enjoignant d’apporter tous les papiers que tu avais. Or, te voici. OĂč sont les papiers ? Il y avait dans la voix de Daspry, il y avait dans son attitude, une autoritĂ© qui me dĂ©concertait, une façon d’agir toute nouvelle chez cet homme plutĂŽt nonchalant d’ordinaire et doux. Absolument domptĂ©, Varin dĂ©signa l’une de ses poches — Les papiers sont lĂ . — Ils y sont tous ? — Oui. — Tous ceux que tu as trouvĂ©s dans la serviette de Louis Lacombe et que tu as vendus au major von Lieben ? — Oui. — Est-ce la copie ou l’original ? — L’original. — Combien en veux-tu ? — Cent mille. Daspry s’esclaffa. — Tu es fou. Le major ne t’en a donnĂ© que vingt mille. Vingt mille jetĂ©s Ă  l’eau, puisque les essais ont manquĂ©. — On n’a pas su se servir des plans. — Les plans sont incomplets. — Alors, pourquoi me les demandez-vous ? — J’en ai besoin. Je t’en offre cinq mille francs. Pas un sou de plus. — Dix mille. Pas un sou de moins. — AccordĂ©. Daspry revint Ă  M. Andermatt. — Veuillez signer un chĂšque, Monsieur. — Mais
 c’est que je n’ai pas
 — Votre carnet ? Le voici. Ahuri, M. Andermatt palpa le carnet que lui tendait Daspry. — C’est bien Ă  moi
 Comment se fait-il ? — Pas de vaines paroles, je vous en prie, cher Monsieur, vous n’avez qu’à signer. Le banquier tira son stylographe et signa. Varin avança la main. — Bas les pattes, fit Daspry, tout n’est pas fini. Et s’adressant au banquier — Il Ă©tait question aussi de lettres, que vous rĂ©clamez ? — Oui, un paquet de lettres. — OĂč sont-elles, Varin ? — Je ne les ai pas. — OĂč sont-elles, Varin ? — Je l’ignore. C’est mon frĂšre qui s’en Ă©tait chargĂ©. — Elles sont cachĂ©es ici, dans cette piĂšce. — En ce cas, vous savez oĂč elles sont. — Comment le saurais-je ? — Dame, n’est-ce pas vous qui avez visitĂ© la cachette ? Vous paraissez aussi bien renseigné  que Salvator. — Les lettres ne sont pas dans la cachette. — Elles y sont. — Ouvre-la. Varin eut un regard de dĂ©fiance. Daspry et Salvator ne faisaient-ils qu’un rĂ©ellement, comme tout le laissait prĂ©sumer ? Si oui, il ne risquait rien en montrant une cachette dĂ©jĂ  connue. Si non c’était inutile
 — Ouvre-la, rĂ©pĂ©ta Daspry. — Je n’ai pas de sept de cƓur. — Si, celui-lĂ , dit Daspry, en tendant la plaque de fer. Varin recula, terrifiĂ© — Non
 non
 je ne veux pas
 — Qu’à cela ne tienne
 Daspry se dirigea vers le vieux monarque Ă  la barbe fleurie, monta sur une chaise, et appliqua le sept de cƓur au bas du glaive, contre la garde, et de façon que les bords de la plaque recouvrissent exactement les deux bords de l’épĂ©e. Puis, avec l’aide d’un poinçon, qu’il introduisit alternativement dans chacun des sept trous pratiquĂ©s Ă  l’extrĂ©mitĂ© des sept points de cƓur, il pesa sur sept des petites pierres de la mosaĂŻque. À la septiĂšme petite pierre enfoncĂ©e, un dĂ©clenchement se produisit, et tout le buste du roi pivota, dĂ©masquant une large ouverture amĂ©nagĂ©e comme un coffre, avec des revĂȘtements de fer et deux rayons d’acier luisant. — Tu vois bien, Varin, le coffre est vide. — En effet
 Alors c’est que mon frĂšre aura retirĂ© les lettres. Daspry revint vers l’homme et lui dit — Ne joue pas au plus fin avec moi. Il y a une autre cachette. OĂč est-elle ? — Il n’y en a pas. — Est-ce de l’argent que tu veux ? Combien ? — Dix mille. — Monsieur Andermatt, ces lettres valent-elles dix mille francs pour vous ? — Oui, fit le banquier d’une voix forte. Varin ferma le coffre, prit le sept de cƓur, non sans une rĂ©pugnance visible, et l’appliqua sur le glaive, contre la garde, et juste au mĂȘme endroit. Successivement il enfonça le poinçon Ă  l’extrĂ©mitĂ© des sept points de cƓur. Il se produisit un second dĂ©clenchement, mais cette fois, chose inattendue, ce ne fut qu’une partie du coffre qui pivota dĂ©masquant un petit coffre pratiquĂ© dans l’épaisseur mĂȘme de la porte qui fermait le plus grand. Le paquet de lettres Ă©tait lĂ , nouĂ© d’une ficelle et cachetĂ©. Varin le remit Ă  Daspry. Celui-ci demanda — Le chĂšque est prĂȘt, Monsieur Andermatt ? — Oui. — Et vous avez aussi le dernier document que vous tenez de Louis Lacombe, et qui complĂšte les plans du sous-marin ? — Oui. L’échange se fit. Daspry empocha le document et le chĂšque, et offrit le paquet Ă  M. Andermatt. — Voici ce que vous dĂ©siriez, Monsieur. Le banquier hĂ©sita un moment, comme s’il avait peur de toucher Ă  ces pages maudites qu’il avait cherchĂ©es avec tant d’ñpretĂ©. Puis, d’un geste nerveux, il s’en empara. AuprĂšs de moi j’entendis un gĂ©missement. Je saisis la main de Mme Andermatt elle Ă©tait glacĂ©e. Et Daspry dit au banquier — Je crois, Monsieur, que notre conversation est terminĂ©e. Oh ! pas de remerciements, je vous en supplie. Le hasard seul a voulu que je pusse vous ĂȘtre utile. M. Andermatt se retira. Il emportait les lettres de sa femme Ă  Louis Lacombe. — À merveille, s’écria Daspry d’un air enchantĂ©, tout s’arrange pour le mieux. Nous n’avons plus qu’à boucler notre affaire, camarade. Tu as les papiers ? — Les voilĂ  tous. Daspry les compulsa, les examina attentivement et les enfouit dans sa poche. — Parfait, tu as tenu parole. — Mais
 — Mais quoi ? — Les deux chĂšques ?
 l’argent ?
 — Eh bien, tu as de l’aplomb, mon bonhomme. Comment, tu oses rĂ©clamer ! — Je rĂ©clame ce qui m’est dĂ». — On te doit donc quelque chose pour des papiers que tu as volĂ©s ? Mais l’homme paraissait hors de lui. Il tremblait de colĂšre, les yeux injectĂ©s de sang. — L’argent
 les vingt mille
 bĂ©gaya-t-il. — Impossible
 j’en ai l’emploi. — L’argent !
 — Allons, sois raisonnable, et laisse donc ton poignard tranquille. Il lui saisit le bras si brutalement que l’autre hurla de douleur, et il ajouta — Va-t’en, camarade, l’air te fera du bien. Veux-tu que je te reconduise ? Nous nous en irons par le terrain vague, et je te montrerai un tas de cailloux sous lequel
 — Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai ! — Mais oui, c’est vrai. Cette petite plaque de fer aux sept points rouges vient de lĂ -bas. Elle ne quittait jamais Louis Lacombe, tu te rappelles ? Ton frĂšre et toi vous l’avez enterrĂ©e avec le cadavre
 et avec d’autres choses qui intĂ©resseront Ă©normĂ©ment la justice. Varin se couvrit le visage de ses poings rageurs. Puis il prononça — Soit. Je suis roulĂ©. N’en parlons plus. Un mot cependant
 un seul mot
 je voudrais savoir
 — J’écoute. — Il y avait dans ce coffre, dans le plus grand des deux, une cassette ? — Oui. — Quand vous ĂȘtes venu ici, la nuit du 22 au 23 juin, elle y Ă©tait ? — Oui. — Elle contenait ?
 — Tout ce que les frĂšres Varin y avaient enfermĂ©, une assez jolie collection de bijoux, diamants et perles, raccrochĂ©s de droite et de gauche par lesdits frĂšres. — Et vous l’avez prise ? — Dame ! Mets-toi Ă  ma place. — Alors
 c’est en constatant la disparition de la cassette que mon frĂšre s’est tuĂ© ? — Probable. La disparition de votre correspondance avec le major von Lieben n’eĂ»t pas suffi. Mais la disparition de la cassette
 Est-ce lĂ  tout ce que tu avais Ă  me demander ? — Ceci encore votre nom ? — Tu dis cela comme si tu avais des idĂ©es de revanche. — Parbleu ! La chance tourne. Aujourd’hui vous ĂȘtes le plus fort. Demain
 — Ce sera toi. — J’y compte bien. Votre nom ? — ArsĂšne Lupin. — ArsĂšne Lupin ! L’homme chancela, assommĂ© comme par un coup de massue. On eĂ»t dit que ces deux mots lui enlevaient toute espĂ©rance. Daspry se mit Ă  rire. — Ah ! çà, t’imaginais-tu qu’un M. Durand ou Dupont aurait pu monter toute cette belle affaire ? Allons donc, il fallait au moins un ArsĂšne Lupin. Et maintenant que tu es renseignĂ©, mon petit, va prĂ©parer ta revanche. ArsĂšne Lupin t’attend. Et il le poussa dehors, sans un mot de plus. ⁂ — Daspry, Daspry, criai-je, lui donnant encore, et malgrĂ© moi, le nom sous lequel je l’avais connu. J’écartai le rideau de velours. Il accourut. — Quoi ? Qu’y a-t-il ? — Mme Andermatt est souffrante. Il s’empressa, lui fit respirer des sels et, tout en la soignant, m’interrogeait — Eh bien, que s’est-il donc passĂ© ? — Les lettres, lui dis-je
 les lettres de Louis Lacombe que vous avez donnĂ©es Ă  son mari ! Il se frappa le front. — Elle a cru que j’avais fait cela !
 Mais oui, aprĂšs tout, elle pouvait le croire. ImbĂ©cile que je suis ! Mme Andermatt, ranimĂ©e, l’écoutait avidement. Il sortit de son portefeuille un petit paquet en tous points semblable Ă  celui qu’avait emportĂ© M. Andermatt. — Voici vos lettres, madame, les vraies. — Mais
 les autres ? — Les autres sont les mĂȘmes que celles-ci, mais recopiĂ©es par moi, cette nuit, et soigneusement arrangĂ©es. Votre mari sera d’autant plus heureux de les lire qu’il ne se doutera pas de la substitution, puisque tout a paru se passer sous ses yeux
 — L’écriture
 — Il n’y a pas d’écriture qu’on ne puisse imiter. Elle le remercia, avec les mĂȘmes paroles de gratitude qu’elle eĂ»t adressĂ©es Ă  un homme de son monde, et je vis bien qu’elle n’avait pas dĂ» entendre les derniĂšres phrases Ă©changĂ©es entre Varin et ArsĂšne Lupin. Moi, je le regardais non sans embarras, ne sachant trop que dire Ă  cet ancien ami qui se rĂ©vĂ©lait Ă  moi sous un jour si imprĂ©vu. Lupin ! c’était Lupin ! mon camarade de cercle n’était autre que Lupin ! Je n’en revenais pas. Mais, lui trĂšs Ă  l’aise — Vous pouvez faire vos adieux Ă  Jean Daspry. — Ah ! — Oui, Jean Daspry part en voyage. Je l’envoie au Maroc. Il est fort possible qu’il y trouve une fin digne de lui. J’avoue mĂȘme que c’est son intention. — Mais ArsĂšne Lupin nous reste ? — Oh ! plus que jamais. ArsĂšne Lupin n’est encore qu’au dĂ©but de sa carriĂšre, et il compte bien
 Un mouvement de curiositĂ© irrĂ©sistible me jeta sur lui, et l’entraĂźnant Ă  quelque distance de Mme Andermatt — Vous avez donc fini par dĂ©couvrir la seconde cachette, celle oĂč se trouvait le paquet de lettres ? — J’ai eu assez de mal ! C’est hier seulement, l’aprĂšs-midi, pendant que vous Ă©tiez couchĂ©. Et pourtant, Dieu sait combien c’était facile ! Mais les choses les plus simples sont celles auxquelles on pense en dernier. Et me montrant le sept de cƓur — J’avais bien devinĂ© que, pour ouvrir le grand coffre, il fallait appuyer cette carte contre le glaive du bonhomme en mosaĂŻque
 — Comment aviez-vous devinĂ© cela ? — AisĂ©ment. Par mes informations particuliĂšres, je savais en venant ici, le 22 juin au soir
 — AprĂšs m’avoir quitté  — Oui, et aprĂšs vous avoir mis par des conversations choisies dans un Ă©tat d’esprit tel, qu’un nerveux et un impressionnable comme vous devait fatalement me laisser agir Ă  ma guise, sans sortir de son lit. — Le raisonnement Ă©tait juste. — Je savais donc, en venant ici, qu’il y avait une cassette cachĂ©e dans un coffre Ă  serrure secrĂšte, et que le sept de cƓur Ă©tait la clef, le mot de cette serrure. Il ne s’agissait plus que de plaquer ce sept de cƓur Ă  un endroit qui lui fĂ»t visiblement rĂ©servĂ©. Une heure d’examen m’a suffi. — Une heure ! — Observez le bonhomme en mosaĂŻque. — Le vieil empereur ? — Ce vieil empereur est la reprĂ©sentation exacte du roi de cƓur de tous les jeux de cartes, Charlemagne. — En effet
 Mais pourquoi le sept de cƓur ouvre-t-il tantĂŽt le grand coffre et tantĂŽt le petit ? Et pourquoi n’avez-vous ouvert d’abord que le grand coffre ? — Pourquoi ? mais parce que je m’obstinais toujours Ă  placer mon sept de cƓur dans le mĂȘme sens. Hier seulement je me suis aperçu qu’en le retournant, c’est-Ă -dire en mettant le septiĂšme point, celui du milieu, en l’air au lieu de le mettre en bas, la disposition des sept points changeait. — Parbleu ! — Évidemment, parbleu, mais encore fallait-il y penser. — Autre chose vous ignoriez l’histoire des lettres avant que Mme Andermatt
 — En parlĂąt devant moi ? Oui. Je n’avais dĂ©couvert dans le coffre, outre la cassette, que la correspondance des deux frĂšres, correspondance qui m’a mis sur la voie de leur trahison. — Somme toute, c’est par hasard que vous avez Ă©tĂ© amenĂ©, d’abord Ă  reconstituer l’histoire des deux frĂšres, puis Ă  rechercher les plans et les documents du sous-marin ? — Par hasard. — Mais dans quel but avez-vous recherchĂ© ?
 Daspry m’interrompit en riant — Mon Dieu ! comme cette affaire vous intĂ©resse ! — Elle me passionne. — Eh bien, tout Ă  l’heure, quand j’aurai reconduit Mme Andermatt et fait porter Ă  l’Écho de France le mot que je vais Ă©crire, je reviendrai et nous entrerons dans le dĂ©tail. Il s’assit et Ă©crivit une de ces petites notes lapidaires oĂč se divertit la fantaisie du personnage. Qui ne se rappelle le bruit que fit celle-ci dans le monde entier ? ArsĂšne Lupin a rĂ©solu le problĂšme que Salvator a posĂ© derniĂšrement. MaĂźtre de tous les documents et plans originaux de l’ingĂ©nieur Louis Lacombe, il les a fait parvenir entre les mains du ministre de la marine. À cette occasion il ouvre une souscription dans le but d’offrir Ă  l’État le premier sous-marin construit d’aprĂšs ces plans. Et il s’inscrit lui-mĂȘme en tĂȘte de cette souscription pour la somme de vingt mille francs. » — Les vingt mille francs des chĂšques de M. Andermatt ? lui dis-je, quand il m’eut donnĂ© le papier Ă  lire. — PrĂ©cisĂ©ment. Il Ă©tait Ă©quitable que Varin rachetĂąt en partie sa trahison. ⁂ Et voilĂ  comment j’ai connu ArsĂšne Lupin. VoilĂ  comment j’ai su que Jean Daspry, camarade de cercle, relation mondaine, n’était autre qu’ArsĂšne Lupin, gentleman-cambrioleur. VoilĂ  comment j’ai nouĂ© des liens d’amitiĂ© fort agrĂ©ables avec notre grand homme, et comment, peu Ă  peu, grĂące Ă  la confiance dont il veut bien m’honorer, je suis devenu son trĂšs humble, trĂšs fidĂšle et trĂšs reconnaissant historiographe.

Lupin c'est donc l'histoire d'Assane Diop, qui enfant a perdu son pĂšre, accusĂ© Ă  tort par la famille Pellegrini du vol d'un collier ayant appartenu Ă  Marie-Antoinette. Le garçon s'est alors rĂ©fugiĂ© dans les livres d'ArsĂšne Lupin Ă©crits par Maurice Leblanc, jusqu'Ă  devenir lui-mĂȘme gentleman cambrioleur. Dans la partie 1, on dĂ©couvre tous ses talents, alors qu'il met en

PubliĂ© le 11 juin 2021 16 h 15 Par Amandine Rouhaud Le top dĂ©part de la tant attendue partie 2 de Lupin a Ă©tĂ© donnĂ© ce matin mĂȘme sur Netflix. De quoi connaĂźtre l’épilogue des aventures du personnage portĂ© par Omar Sy, que Serieously explicite pour vous dĂšs maintenant. Attention, cet article contient d’importants spoilers sur Lupin partie 2. C’est ce vendredi 11 juin que Netflix a prĂ©sentĂ© Ă  ses abonnĂ©s la suite des aventures d’Omar Sy dans la peau d’Assane Diop, ArsĂšne Lupin des temps modernes, toujours en quĂȘte de vĂ©ritĂ© concernant la mort de son pĂšre Babakar. Pour rappel, Ă  la fin de la partie 1 on a quittĂ© Assane Ă  Etretat, le 11 dĂ©cembre, pour cĂ©lĂ©brer le jour d’ArsĂšne Lupin qui marque le jour de l’anniversaire de Maurice Leblanc, l’écrivain du roman en compagnie de son fils Raoul et de Claire, son ex et mĂšre de son fils. C’est pile Ă  ce moment que le fils de Diop a Ă©tĂ© enlevĂ© par l’un des hommes de Pellegrini. On retrouve alors Assane, Ă  cet instant prĂ©cis, au dĂ©but de la partie 2. Au cours des 5 Ă©pisodes que contient ce deuxiĂšme chapitre, l’étau va sĂ©rieusement se resserrer autour d’Assane Diop. Notamment par l’intermĂ©diaire de Guedira qui, depuis le dĂ©but, est sur la bonne piste. Piste qui le conduit Ă©galement jusqu’à Etretat et auprĂšs d’Assane. Les premiers Ă©pisodes de la partie 2 nous permettent, en filigrane, d’en savoir plus sur le lien qui unit Assane et Claire. En premier plan, l’intrigue avance notamment du cĂŽtĂ© de Guedira qui s’octroie les bonnes grĂąces de Lupin en sauvant son fils de la mort. Kidnapper Raoul, le fils de Lupin, n’est qu’un prĂ©texte pour Pellegrini pour attirer Assane Diop vers lui. Depuis la partie une, les deux hommes jouent, disons-le, au chat et Ă  la souris. Et, pour le dire franchement, dans cette partie 2 ça commence Ă  vraiment puer pour Lupin. Claire n’en peut plus de ses histoires et des dangers qu’il fait courir Ă  sa famille, Guedira est un peu troublĂ© d’ĂȘtre sur la bonne piste et Pellegrini ne veut qu’une seule chose la tĂȘte d’Assane. Il envoie d’ailleurs LĂ©onard, l’homme du train, directement chez Assane pour le tuer. RĂ©sultat des comptes, il se fera lui-mĂȘme Ă©trangler pendant qu’Assane se prĂ©pare Ă  manger en Ă©coutant la musique. AprĂšs cet Ă©pisode, les policiers connaissent dĂ©sormais l’adresse de Diop et vont chez lui rĂ©quisitionner les piĂšces Ă  convictions. Assane Diop construit sa revanche Lupin, lui, maintenant que son fils est sain et sauf, n’a qu’un objectif faire tomber Pellegrini et Dumont, qui sont Ă  la tĂȘte d’une corruption monumentale qui a menĂ© vers la mort plusieurs personnes dont Babakar, si vous suivez. Pour ça, Assane Diop mise sur deux choses resĂ©duire Juliette Pellegrini, la fille d’Hubert et faire capoter l’énorme concert de charitĂ© organisĂ© par les Pellegrini au théùtre du ChĂątelet. Concert prĂ©texte d’une levĂ©e de fond oĂč Pellegrini compte bien se mettre les 3/4 des dons directement dans la poche. Pour ça, Assane et Ben, son BFF, se mettent en quĂȘte de recruter un troisiĂšme larron qui officierait comme conseiller financier auprĂšs de Pellegrini, pour s’assurer qu’il compte bel et bien chaparder ce beau pĂ©cule offert par de gĂ©nĂ©reux donateurs. C’est ici qu’entre en piste un petit nouveau fan d’ArsĂšne Lupin et roi du camouflage, Courbet. Il se fait passer pour un gestionnaire de patrimoine auprĂšs de Pellegrini, lui assurant vouloir l’aider Ă  capitaliser toujours plus sa richesse. Naturellement, Diop et Benjamin ne font que collecter le plus d’informations possibles pour faire tomber Dumont et Pellegrini en grandes pompes le soir du concert. Lupin et Guedira, un nouveau duo En parallĂšle, on a dit toute Ă  l’heure que les choses commençaient Ă  sentir mauvais pour Diop
 Guedira sait clairement qu’Assane et Lupin ne font qu’un et l’homme le plus recherchĂ© de France en profite pour lui offrir des indices bien cachĂ©s menant vers Pellegrini et Dumont. Assane sait qu’il n’est pas tout blanc, mais ses actes sont moindres comparĂ© Ă  une escroquerie tĂąchĂ©e de sang qui se chiffre en millions. DĂ©sormais, et grĂące Ă  Guedira, la police possĂšde les piĂšces justes pour incriminer les deux hommes que personne ne soupçonne. Le concert approche et tout le monde sait qu’Assane sera prĂ©sent, c’est Ă©vident. Il ne peut qu’y assister pour clore en beautĂ© ce qu’il a longuement prĂ©parĂ©. Usant de toujours plus de ruses, et Ă©paulĂ© par Courbet et Ben, Assane s’infiltre au théùtre du ChĂątelet et prĂ©pare sa confrontation avec Pellegrini. Le concert dĂ©bute et sur fond de musique classique qui s’intensifie au rythme des scĂšnes, Diop se faufile jusqu’à la loge privĂ©e de Pellegrini. Le menaçant d’un couteau sous la gorge, il parvient Ă  lui soutirer la vĂ©ritĂ©. Il a bel et bien engagĂ© Babakar, le pĂšre d’Assane, dans le but de lui faire porter le chapeau du vol du collier de la reine pour prĂ©texter sa perte aux assurances et rĂ©colter une somme astronomique. Ce serait mal connaĂźtre Assane que de s’imaginer qu’il n’a pas enregistrĂ© tous les aveux de Pellegrini pĂšre. DĂ©marre alors une immense course poursuite contre Assane Diop jusque dans les hauteurs du théùtre, pendant que la police se rend jusqu’au concert pour arrĂȘter Dumont et Pellegrini. Un chassĂ© croisĂ© Ă©tonnant qui conduit Assane Diop Ă  renouer avec ses costumes habituels pour Ă©chapper aux hommes de Pellegrini et rĂ©ussir Ă  prendre la fuite de façon spectaculaire sur un bateau sur la Seine. Tandis que Ben et Courbet quittent le théùtre de leur cĂŽtĂ©, sains et saufs. La scĂšne ultime de Lupin, Partie 2 Alors que l’on voit Dumont et Pellegrini chacun dans une voiture de police, arrĂȘtĂ©s, Assane Diop file. Il donne rendez-vous Ă  Claire et Raoul Ă  ce qu’ils appellent “Le Pont de Raoul”, un pont de Paris oĂč, soi-disant, le prĂ©nom de Raoul aurait Ă©tĂ© choisi. Ce que les deux ne savent pas, c’est que Lupin, qui a visiblement compris qu’il Ă©tait potentiellement dangereux pour son fils, vient leur faire ses adieux. Assane Diop dĂ©cide de partir, sans que l’on ne sache ni oĂč, ni combien de temps. Une seule promesse est faite il reviendra. À juste titre, une troisiĂšme partie de Lupin a d’ores et dĂ©jĂ  Ă©tĂ© annoncĂ©e. Nous n’en avons donc pas fini avec le gentleman cambrioleur parisien campĂ© par Omar Sy. Amandine Rouhaud Journaliste
RĂ©sumĂ© 26 Ă©pisodes de 52 minutes. Statistiques. Moyenne des notes : 4,3/6 (3 notes). 6/6: ADONIS: 4/6: Frydman Charles: 3/6: Arca1943: Aucun vote pour une (rĂ©)Ă©dition en DVD. Pour voter : Galerie de photos (c) coolfrenchcomics.com. RĂ©fĂ©rences Forum Mort de Marc Dudicourt (1932-2021): La disparition de la "gĂ©nĂ©ration silencieuse" Forum FantĂŽmas: Le point Le rĂ©sumĂ© de l’éditeur de poche, ici Vif, audacieux, impertinent, rossant sans arrĂȘt le commissaire qui ici, en l’occurrence, s’appelle l’inspecteur Ganimard, traĂźnant les cƓurs aprĂšs lui et mettant les rieurs de son cĂŽtĂ©, se moquant des situations acquises, ridiculisant les bourgeois, portant secours aux faibles, ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur est un Robin des Bois de la Belle Epoque».Un Robin des Bois bien français il ne se prend pas trop au sĂ©rieux, ses armes les plus meurtriĂšres sont les traits d’esprit ; ce n’est pas un aristocrate qui vit comme un anarchiste mais un anarchiste qui vit comme un aristocrate. ArsĂšne Lupin, aprĂšs plus d’un demi-siĂšcle, n’a pas vieilli. Il ne vieillira jamais en dĂ©pit de son chapeau haut de forme, de sa cape et de son monocle. Back to basic. ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur, 1907 premier de la saga. Sous forme de recoil de nouvelles, cet opus nous dresse le portrait du cĂ©lĂšbre cambrioleur protéïforme. Et je n’ai jamais lu de recueil de nouvelles aussi stimulant dans l’enchainement et aussi cohĂ©rent. Ces nouvelles ou plutĂŽt chroniques sont si biens montĂ©es l’une avec l’autre que ce recueil n’est pas loin de ressembler Ă  un roman. Pour un roman du dĂ©but du siĂšcle, le rythme et la fraicheur sont incroyable. Maurice Leblanc parvient Ă  nous transmettre une joie communicative celle d’ArsĂšne Lupin et une certaine excitation de lecture, une exaltation stimulante. Quel personnage tout de mĂȘme. Si on assimile rapidement la mĂ©canique, si on arrive Ă  deviner l’astuce ou Ă  dĂ©masquer ArsĂšne Lupin dans chaque nouvelle, cela n’enlĂšve en rien l’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la lecture et montre, malgrĂ© tout, une inventivitĂ© et une crĂ©ativitĂ© de Maurice Leblanc incroyable. ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur, c’est le genre de livre qui ne se prend pas au sĂ©rieux mais qui est Ă©crit avec sĂ©rieux, dans sa construction, dans son Ă©quilibre narratif, dans son rythme, etc. Et c’est avec un spectre large de points de vue qu’on fait la connaissance du personnage principal et un spectre aussi large de situations qui dessine le mythe. Mais il reste fuyant, sa caractĂ©ristique premiĂšre, et c’est un vrai dĂ©lice de lecture. je me suis lancĂ© dans un challenge sur ayant pour objectif de lire un maximum de romans de la saga ArsĂšne Lupin. J’avais commencĂ© par L’éclat d’obus 8. N’hĂ©sitez-pas Ă  venir nous rejoindre pour dĂ©couvrir comme moi ou redĂ©couvrir ce personnage. La saga ArsĂšne Lupin 1 ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur 2 ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs 3 L’Aiguille creuse 4 813 / La double vie d’ArsĂšne Lupin 5 813 / Les trois crimes d’ArsĂšne Lupin 6 Le bouchon de cristal 7 Les Confidences d’ArsĂšne Lupin 8 L’éclat d’obus 9 Le Triangle d’or 10 L’Île aux trente cercueils 11 Les Dents du tigre 12 Les Huit Coups de l’horloge 13 La Comtesse de Cagliostro 14 La Demoiselle aux yeux verts 15 L’Agence Barnett et Cie 16 La Demeure mystĂ©rieuse 17 La Barre-y-va 18 La Femme aux deux sourires 19 Victor, de la Brigade mondaine 20 La Cagliostro se venge 21 Les milliards d’ArsĂšne Lupin 22 Le dernier amour d’ArsĂšne Lupin un livre, une poche
 Ellene fait que commencer. C’est quand il est sous les verrous que la police devrait se mĂ©fier. Lupin change de domicile, de costume, de tĂȘte et d’écriture, connaĂźt tous les passages secrets et prend rendez-vous avec ses victimes avant de les cambrioler ! C’est le plus gentleman de tous les filous. Titre de l'album ArsĂšne Lupin , gentleman cambrioleur t1 Scenariste de l'album Takashi Morita d'apres Maurice Leblanc Dessinateur de l'album Takashi Morita Coloriste Editeur de l'album Kurokawa Note RĂ©sumĂ© de l'album An 1899
 À bord du La Provence, un transatlantique reliant la France aux États-Unis, une inquiĂ©tante dĂ©pĂȘche est transmise par tĂ©lĂ©graphe ArsĂšne Lupin Ă  votre bord, premiĂšre classe
 » Lupin est un de ces hĂ©ros Ă©ternels du calibre de Holmes. Voici les dĂ©buts de la lĂ©gende du virtuose du dĂ©guisement et de l’insaisissable gentleman-cambrioleur. Critique AprĂšs le succĂšs de Moriarty, voici ArsĂšne Lupin qui dĂ©barque aux Ă©ditions Kurokawa. Mais c'est bien le seul rapprochement que l'on peut faire entre les deux personnages du dĂ©but du XXiĂšme siĂšcle. En effet ArsĂšne Lupin est une sĂ©rie dĂ©jĂ  entiĂšrement sortit, et ce, depuis un petit moment. De plus, ArsĂšne Lupin est une vraie adaptation de l'Ɠuvre de Maurice Leblanc et non pas une libre inspiration comme Moriarty. Et cela change tout Ă  mes yeux. Ce premier tome est excellent, en partie par ce qu'il respecte l'Ɠuvre de Maurice Leblanc mais aussi parce que chaque chapitre est conclu par une analyse de l'Ɠuvre de Leblanc et des traits principaux de Lupin. On s'instruit autant que l'on s'amuse des aventures du plus cĂ©lĂšbres des cambrioleurs français. MinisĂ©rie de 10 tomes dont les 2 et 3 sont deja disponibles, ArsĂšne Lupin ravira les amateurs du Gentleman et permettra aux plus jeunes de dĂ©couvrir vraiment qui est ArsĂšne Lupin. Autres infos Type de l'album Manga Lien BDfugue Voir la totalitĂ© de enregistrement
UnecomÚte maladive conduit Assane à une copie de Les Confidences d'ArsÚne Lupin, avec des annotations de son pÚre épelant la phrase "Je suis innocent - encadrée par Anne Pellegrini". Assane s'échappe de prison et retrouve Anne qui avoue avoir demandé à Babakar de signer de faux aveux à la demande de l'inspecteur Gabriel Dumont. Assane reconnaßt Dumont comme le
Vous ĂȘtes ici Accueil Livres Romans L'aiguille creuse Voir un extrait de L'aiguille creuse Acheter L'aiguille creuse Prix 0,99 € Bref rĂ©sumĂ© de l'aiguille creuseLe roman d'Isidore BeautreletUn roman historique ?Un ArsĂšne Lupin beaucoup plus sombre L'aiguille creuse » est un roman de Maurice Leblanc publiĂ© en 1909. On y retrouve ArsĂšne Lupin pour la quatriĂšme fois, mais aussi Ganimard, Herlock SholmĂšs, et le jeune journaliste Isidore Beautrelet. AprĂšs un recueil de neuf nouvelles, ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur, et un recueil de deux nouvelles longues, ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs, L'aiguille creuse » est le premier vrai roman lupinesque» de Leblanc ; c'est un texte plus sombre, plus dramatique, et...plus passionnant. Un des meilleurs ArsĂšne Lupin, parole d'Editions de Londres ! Bref rĂ©sumĂ© de l'aiguille creuse Tout commence par un vol presque cinĂ©matographique dans le chĂąteau d'AmbrumĂ©sy. Suzanne de Gesvres et Raymonde de Saint-VĂ©ran sont rĂ©veillĂ©es au milieu de la nuit par un bruit, descendent, et dĂ©couvrent le comte de Gesvres et son secrĂ©taire, Ă©tendus, apparemment morts, tandis qu'au loin dans le parc une silhouette s'Ă©loigne tranquillement. Raymonde attrape un fusil et tire l'homme est touchĂ©. LĂ  oĂč cela devient Ă©trange, c'est que l'on ne retrouve nulle trace de l'homme blessĂ© par Raymonde, que le Comte de Gesvres n'est pas mort, et que surtout l'on n'a rien volĂ©. Le juge d'instruction n'y comprend rien. Nous non plus. C'est alors qu'arrive Isidore Beautrelet, prĂ©tendu journaliste, en fait jeune Ă©lĂšve Ă  Janson-de-sailly. Il va deviner les dessous de l'affaire, dĂ©tail par dĂ©tail, suscitant la mĂ©fiance puis l'admiration du juge d'instruction et de Ganimard, mais surtout rapidement les foudres de Lupin, puisque c'est bien lui qui est derriĂšre tout cela. On apprendra donc successivement que des Ɠuvres d'art ont bien Ă©tĂ© dĂ©robĂ©es dans le chĂąteau mais qu'elles ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des faux. Puis que Lupin avait bien Ă©tĂ© touchĂ© par la balle de Raymonde, et qu'il Ă©tait restĂ© des jours mourant sous le chĂąteau, pendant que ses complices enlevaient un mĂ©decin parisien au vu et su de tout le monde afin de le soigner, que Raymonde s'est occupĂ© de lui lors de sa convalescence, qu'ils sont tombĂ©s amoureux. Pendant ce temps, Beautrelet avance, dĂ©couvre un morceau de papier oubliĂ© et couvert de chiffres, qu'il va dĂ©crypter au fil de l'histoire, au terme de mille pĂ©ripĂ©ties. En dĂ©pit des efforts de Lupin pour l'arrĂȘter dans sa course il enlĂšvera son pĂšre, enlĂšvera Ganimard, Herlock SholmĂšs..., Beautrelet finira par percer le secret des rois de France, connu depuis Jules CĂ©sar, et redĂ©couvert par Lupin. Retour en haut de pageLe roman d'Isidore Beautrelet Leblanc, on le sait, s'inspire beaucoup de ses contemporains. De mĂȘme que le personnage de Lupin fut largement inspirĂ© par celui du cambrioleur Raffles voir ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur, le personnage de Beautrelet apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans L'aiguille creuse » en novembre 1908, un peu plus d'un an aprĂšs la naissance de Rouletabille sur la scĂšne policiĂšre française avec Le mystĂšre de la chambre jaune. Beautrelet rĂ©pond selon nous Ă  la volontĂ© de Leblanc de suivre la mode au plus prĂšs peut-on lui reprocher ?, mais aussi de chercher des personnages susceptibles de tenir la dragĂ©e haute Ă  Lupin. Ainsi, Leblanc se rend vite compte que Ganimard ne fera pas le poids ; alors il introduit Herlock SholmĂšs dans le premier recueil de nouvelles, et le dĂ©veloppe dans son deuxiĂšme recueil. Mais l'opposition Lupin- SholmĂšs ne peut devenir le ressort central de l'Ɠuvre ; ce qui fonctionne Ă  la grande rigueur entre Sherlock Holmes et Moriarty ne passera pas ici, surtout avec la personnalitĂ© empruntĂ©e de SholmĂšs. Alors, il invente Beautrelet, jeune journaliste intrĂ©pide, qui donnera Tintin quelques annĂ©es aprĂšs. Puis plus tard Leblanc inventera un nouvel adversaire, beaucoup plus original la Comtesse de Cagliostro. Retour en haut de pageUn roman historique ? L'aiguille creuse » est par bien des aspects un roman policier truffĂ© d'Ă©lĂ©ments historiques. L'action se passe comme toujours dans le cƓur de la Normandie chĂšre Ă  Leblanc. Evidemment il y a le titre lui-mĂȘme, L'aiguille creuse », secret dĂ©tenu par les rois de France depuis Jules CĂ©sar qui n'Ă©tait pas vraiment un roi de France, nous sommes d'accord. Et puis on y retrouve le livre d'heures de Marie-Antoinette, les sombres desseins de Louis XIV, une Ă©vocation presque Dumas-ienne » du Masque de fer ici, ce dernier n'est que l'auteur d'un petit livre intitulĂ© Le mystĂšre de l'aiguille creuse ». ArrĂȘtĂ© par le capitaine des gardes, il est conduit dans la forteresse de l'Ăźle Sainte Marguerite. Leblanc Ă©voque aussi un complot de Cadoudal pour enlever NapolĂ©on...C'est la narration d'un secret bien gardĂ©, repassĂ© de roi en roi, et qui survit aux remous de l'histoire, et parvient jusqu'au Gouvernement de la TroisiĂšme RĂ©publique, en dĂ©pit de la RĂ©volution. Retour en haut de pageUn ArsĂšne Lupin beaucoup plus sombre ArsĂšne Lupin, on l'oublie, ne cesse d'Ă©voluer Ă  ses dĂ©buts. Un peu symbolique par moments dans ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur, plus humain dans ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs, son personnage prend un tournant beaucoup plus sombre dans L'aiguille creuse ». Ici, c'est clairement plus l'anarchiste que l'aristocrate que l'on voit en scĂšne. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment l'anarchiste ; pour la premiĂšre fois, c'est le criminel. On est loin de l'Ă©lĂ©gance et la lĂ©gĂšretĂ© de ArsĂšne Lupin, gentleman cambrioleur pas trop gentleman, Lupin enlĂšve le pĂšre de Beautrelet, menace une mĂšre de tuer son enfant si elle parle, enlĂšve Ganimard, Herlock SholmĂšs, un mĂ©decin connu...Il y a d'ailleurs beaucoup d'Ă©lĂ©ments dans L'aiguille creuse » qui nous font dire si Lupin Ă©tait plus mĂ©chant, ce serait sans doute FantĂŽmas. Outre les enlĂšvements, il y a ce lieu reclus, cachĂ©, anachronique, qui donne sur la mer, oĂč Lupin se prĂ©lasse avec celle qui est devenue sa femme, il y a son sous-marin de poche Ă©videmment, l'arrivĂ©e d'un torpilleur, et puis ce combat mortel Ă  la fin avec un Herlock SholmĂšs furieux, et qui se termine par la mort de celle qu'il aime, et pour laquelle il Ă©tait prĂȘt Ă  tout abandonner. Aussi, un Lupin diffĂ©rent, plus vrai, plus fĂąchĂ©, se dĂ©voile Et tu ne sais pas non plus toutes les ressources qui sont en moi...tout ce que ma volontĂ© et mon imagination me permettent d'entreprendre et de rĂ©ussir. Pense donc que ma vie entiĂšre est tendue vers le mĂȘme but, que j'ai travaillĂ© comme un forçat avant d'ĂȘtre ce que je suis... » ou Je ne prĂ©tends point que ma modeste personnalitĂ©, qui, certes, en des temps plus hĂ©roĂŻques, eĂ»t passĂ© complĂštement inaperçue, ne prenne quelque relief en notre Ă©poque de veulerie et de mĂ©diocritĂ©... » Le plus grave et les plus sombre des Lupin. Il revient encore transformĂ© dans 813 », notre Lupin prĂ©fĂ©rĂ©! © 2012- Les Editions de Londres Voir un extrait de L'aiguille creuse Acheter L'aiguille creuse 0,99 € Retour en haut de page Avis d'un lecteur L'aiguille creuseAvis de SOUNET - 9 juillet 2015L'aiguille creuse, c'est un rĂȘve d'adolescent, c'est le temps dĂ©barassĂ© de toute contingence, de toute entrave de rĂ©alitĂ©, on y mange pas , on y dort pas , ou en une demi-ligne, le temps n'y est que pensĂ©e, quĂȘte, sans arrĂȘt , sans arrĂȘt, sans arrĂȘt, jusqu'au moment oĂč la balle traverse le coeur de Raymonde, et lĂ , soudain, hĂ©bĂ©tĂ©, on entend comme lui-lĂ  agenouillĂ© prĂšs d'elle, les chants lointains des gens de la Neuvillette qui reviennent du travail. Ce n'est pas possible, ce ne peut pas ĂȘtre eux qui ont raison avec leurs chants et leur travail, je ne veux pas de cette vie, je veux repasser de l'autre cĂŽtĂ© du rĂ©el, Maurice, s'il te plait, s'il te plait...Maurice Consultez les avis des lecteurs ou donnez votre opinion sur ce livre! kwmJDB.
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